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Invasions plurielles, Arnauld Pontier

Survive – The Warning (extrait de l’album XXI Century Blood)

Je n’aurais cesse ni lassitude de me répéter : je suis quand même joliment privilégié. Qu’après si peu et à la fois tant de temps passé avec ce blog à raconter mes ressentis variables et pas toujours ultra-pertinents sur plein de bouquins, on continue à me filer des SP, c’est quand même cool. D’autant plus en sachant que les gens qui me les envoient semblent avoir compris que je ne fais pas de concessions sur ce que je pense et souhaite en dire ; c’est une marque de confiance qui m’honore et me renforce dans ma démarche, aussi peu humblement que ce soit.
Et avec une intro comme celle-là, vous devinez déjà que je ne vais pas être particulièrement tendre avec ma lecture du jour, pour laquelle je remercie néanmoins chaleureusement l’auteur et l’expéditeur, Arnauld Pontier. En conclusion de cette introduction et en préambule de sa chronique, je tiens à préciser que si j’ai été déçu, c’est bien parce que je sais un minimum ce que je peux attendre de cet auteur dont le talent et l’ambition ne sont à mes yeux plus à prouver, en général. Le fait est que pour ce cas particulier, je dois dire que le compte n’y est pas vraiment pour moi.
Procédons.

Comme sa couverture l’indique très bien, ce recueil de nouvelles est centré autour de l’idée d’invasion comme thème commun. 16 petites histoires, autant de variations, dans le style comme dans le contenu : sur le papier, c’est ma came. Sauf qu’au delà des qualités reconnaissables d’Arnauld Pontier, qui ne font ici pas défaut, entre une certaine élégance dans la plume et une certaine richesse de registres en fonction des textes, je trouve quand même que tout ça, dans l’ensemble, ou du moins à de rares exceptions, manque cruellement d’ampleur. Alors peut-être que mon souvenir des Enfants de Paradis me joue des tours et distord un peu ma réception, ne mettant pas forcément le mot exact sur mon ressenti ; mais je crois que le reproche demeure, en dépit d’une certaine variation.
Ce que je veux dire par « manque d’ampleur », c’est que j’ai trouvé que la majorité de ces nouvelles manquaient de chair, et n’allaient pas au bout de leurs idées, pour ne pas dire qu’elles renonçaient même à les exploiter. Non, quand même pas. Mais il n’y a que peu de nouvelles dans ce recueil qui ne m’ai pas fait hausser les épaules avec frustration une fois arrivé au bout ; comme si je n’avais lu que des embryons d’histoires, des ébauches de concepts. C’est d’autant plus frustrant, précisément, que la majorité des concepts proto-développés par Arnauld Pontier étaient prometteurs : mais justement, ils ne m’ont que rarement donné la satisfaction d’être autre chose que des promesses.

Je sais que ce n’est pas forcément très sain d’évaluer un texte à l’aune de ce qu’il aurait pu être plutôt que simplement à l’aune de ce qu’il est, mais le fait est que la moitié des chutes dans ces nouvelles n’en étaient pas vraiment à mes yeux ; plutôt les points de bascule, les événements perturbateurs dans des histoires plus larges qui n’attendaient qu’à être écrites. Peut-être est-ce la faute d’une absence trop prononcée de personnages organiques et réellement présents pour me permettre de vivre les événements décrits par leurs yeux, pour me sentir un minimum impliqué. Peut-être que pour trop de ces histoires, j’avais le sentiment qu’Arnauld Pontier me faisait le pitch d’une histoire plus longue, qu’il aurait pu me raconter avec plus d’enjeux auxquels me raccrocher afin de ressentir un vrai frisson, au delà d’un sentiment de curiosité. Peut-être aussi est-ce lié au fait que trop de ces histoires se raccrochaient finalement à des tropes très similaires et surtout trop souvent au sous-genre du space opera, créant une dommageable atmosphère homogène et manquant de rythme, d’une histoire à l’autre, décrivant un peu toujours les mêmes péripéties en changeant simplement les protagonistes et les contextes nous y amenant.

Cela me parait d’autant plus frappant quand je réfléchis aux nouvelles que j’ai vraiment appréciées, celles, précisément, qui dénotent de l’ensemble, par leur ton ou leur angle d’attaque ; L’œuf ou La bête, pour n’en citer que deux. Là, Arnauld Pontier se lâche un peu plus, et change de braquet, créant la surprise, et amenant logiquement autre chose qu’une chute un peu trop attendue. Dans L’œuf, particulièrement, il balance de la vanne, de la note de bas de page espiègle, on change complètement d’ambiance, et ça fonctionne du feu de dieu, notamment parce que la chute participe de la photo d’ensemble au lieu de donner le sentiment de passer à autre chose. Je pense que j’aurais été moins rude avec l’ensemble de l’œuvre si j’avais plus eu l’occasion de devoir changer mon regard à chaque nouvelle, sans cette impression de quasi-monotonie, enchaînant les déconvenues humaines dans l’espace. Alors certes, on évite globalement l’anthropocentrisme à toute force, j’aime bien que l’humanité passe pour une conne, de temps en temps, au lieu de systématiquement dézinguer le reste de la galaxie sans trop d’efforts ; mais il ne suffit pas de l’idée, il faut la réaliser avec une certaine forme d’exhaustivité et/ou de profondeur, pour que je me laisse emporter.

En gros : c’est dommage. C’était pas mauvais, je n’ai pas eu à lutter, mais c’était un peu décevant, parce que je sais qu’Arnauld Pontier peut faire bien mieux que ça, aussi condescendant que ça puisse paraître ; et je le prie de bien vouloir m’excuser. Cela ne m’empêchera pas d’attendre ses prochaines publications avec envie, ne serait-ce que parce qu’en dépit de mes reproches, je sens toujours frémir, même sous ses récits les moins aboutis, le bouillonnement créatif qui sait m’emporter chez lui, comme dans son Dehors, les hommes tombent.
Je demeure profondément reconnaissant, et je dis : à charge de revanche.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

1 comments on “Invasions plurielles, Arnauld Pontier

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