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Salina : Les trois exils, Laurent Gaudé

A Vagabond’s Life (feat. Eric Fish) – Mono Inc. (extrait de l’album Welcome to Hell)

Depuis la merveilleuse découverte du travail de Laurent Gaudé au travers de sa sublime Mort du Roi Tsongor, je vis dans l’attente patiente des occasions de continuer mon exploration de son univers littéraire. Ce qui fait que lors d’un tout petit craquage en librairie, tout récemment, j’en ai profité pour prendre un autre ouvrage de l’auteur, qui m’avait été cité comme un autre excellent exemple de sa production, en commentaire de ma chronique à propos de ma précédente lecture. Hop.
Et voilà que je viens vous en parler, pour vous dire qu’effectivement, décidemment, j’aime beaucoup ce qu’écrit Laurent Gaudé.

Alors malheureusement, il faut quand même signaler que faute du même effet de surprise, forcément, je n’ai pas été aussi emporté que la première fois, ici ; tout comme il faut signaler que les thèmes et leur exploitation par l’auteur ne rentrent pas non plus aussi clairement dans ce que je préfère en littérature. Si j’ai tout de même énormément aimé ce court roman, c’est avant tout parce que je trouve que l’auteur y a fait un excellent travail et que son style me sied particulièrement. Comme quoi, moi qui serais habituellement prêt à jurer que le conte n’est vraiment pas ma tasse de thé, force est de reconnaître que tout ça n’est finalement qu’une question de dosage dans les tropes et leurs différents usages.
Toute la force de Laurent Gaudé, à mes yeux, tient je pense à son intransigeante sobriété dans l’expression, qu’elle fut littéraire ou symbolique. Il dit les choses, simplement, telles qu’elles se passent, peu importe que l’événement en question soit métaphorique ou concret : l’intention demeure, l’essence nous parvient, ponctuellement aidées par des figures de style d’autant plus puissantes qu’elles sont intelligemment et élégamment rares, claquant comme des coups de fouet, appuyant le récit là où il en le plus besoin, avec un maximum de réussite.

Cette histoire est relativement ramassée. Aride, presque. Et pourtant, elle n’a jamais cessé de me paraître généreuse, offrant au fil des lignes une succession de moments forts et d’instants sublimes, criant de vérité en dépit de la distance ; on y évoque les questions du deuil, de l’héritage, avec pudeur et élégance, toujours, comme on y attaque frontalement et très justement l’idée de la stérilité de la vengeance. Je ne peux pas dire que j’ai été conceptuellement bouleversé, mais le fait est que l’unicité de l’œuvre de Laurent Gaudé, au moins dans mon horizon personnel, continue de me convaincre autant qu’elle me séduit. Ce pour quoi il faut saluer, je pense, l’adéquation presque parfaite entre les ambitions de l’auteur et sa manière de procéder, alliant simplicité des situations et complexité des émotions, se servant merveilleusement des mécaniques du conte pour gagner en efficacité à tous les tournants de son récit, sans lyrisme forcené ni simplisme, tout en équilibre et en maîtrise. Sobrement, j’ai été impressionné, encore une fois, de voir à quel point même les choses vers lesquelles je ne suis pas naturellement attiré peuvent me happer dès lors qu’elles sont faites avec autant de classe et d’efficacité. J’aime parce que ça fonctionne, et ça fonctionne parce que j’aime. En attendant une preuve du contraire, je vais considérer que les bouquins de Laurent Gaudé sont des cercles vertueux.

Je crois bien – en tout cas j’espère – que j’ai trouvé une nouvelle mine d’or pour mes goûts si compliqués à satisfaire. Deux essais, deux franches réussites : Laurent Gaudé, pour le moment, a une formule qui marche du tonnerre sur moi. Sobre, efficace, élégant, et rempli à ras-bord de moment de gloire littéraire ; tout ce qu’il faut pour séduire mes deux hémisphères de lecteur. Joie.
Rendez-vous pour la prochaine découverte, donc.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

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