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Avant 7 Jours, Nelly Chadour

I Just Don’t Understand – Spoon (extrait de l’album They Want My Soul)

Avant 7 Jours faisait jusqu’à il y a peu partie de ces bouquins qui me font un peu honte, dans ma bibliothèque. Pas parce que je les ai achetés ou que leur potentielle lecture m’embarrasserait, non, évidemment ; mais simplement parce que j’ai pris bien trop de temps à finalement les lire, victime du gigantisme de ma PàL comme de mes atermoiements littéraires. Et puis il aura suffit d’une envie de bien me remettre à la diminution de ladite PàL et d’une discussion fortuite sur les réseaux pour que je me décide à enfin m’y mettre, une bonne fois pour toutes, scrogneugneu. Parce que vraiment, après les excellentes expériences littéraires de Hante-Voltige et Espérer le Soleil, je n’avais aucune raison de ne pas vouloir relire du Nelly Chadour. Aucune.
Et me voilà, quelques jours plus tard, pour vous dire ce que j’en ai pensé. En somme, ça tiendrait en quelques mots : c’est super, même si… Mais comme j’aime bien raconter des trucs et verbaliser mon ressenti au delà de quelques mots, on va creuser ça ensemble, si vous le voulez bien.

Siofra vit sur la petite île d’Unscilly, régie par des traditions étranges mais terriblement rigides, obligeant la population à demeurer au nombre fixe de 999, comme à vivre au rythme de rituels abscons, laissant ses membres les plus jeunes à la merci des adultes qui contrôlent tout. Et Siofra en souffre plus que personne, soumise quotidiennement au harcèlement et aux moqueries de ses camarades. Mais les choses commencent à changer quand revient sur l’île la fille du Fossoyeur, membre éminent bien que détesté de la communauté, Jodie. Son tempérament punk et ses envies de rébellion vont entraîner Siofra dans son sillage, et bientôt toute l’île, dévoilant enfin ses terribles secrets.

Si vous me suivez depuis un certain, vous l’avez sans doute compris, ou alors c’est l’occasion de le verbaliser le plus exactement possible : j’ai tendance à faire une différence cardinale entre la qualité propre d’une œuvre et le plaisir qu’elle me procure. Je peux autant me délecter d’un texte « objectivement » discutable sur des questions de fonds comme de forme et m’ennuyer profondément dans des récits extrêmement bien construits ; mon analyse ne porte dans un cas comme dans l’autre sur l’adéquation entre les ambitions et la réalisation. Je me répète, mais je pense que cette précision est importante, quant au roman qui nous concerne aujourd’hui, comme pour d’autre précédemment ou à l’avenir. L’avis que j’exprime dans ces lignes n’est jamais rien d’autre que le mien, et mon plaisir de lecture demeure ma boussole première.
Tout ça pour dire que j’ai de réels reproches à formuler envers Avant 7 Jours, mais qu’il ne faut pas les considérer autrement que comme des observations très externes au texte lui-même. J’ai pris énormément de plaisir à parcourir ce roman, de bout en bout : je vais avoir des choses à dire sur sa forme, textuelle et para-textuelle, mais sur le fonds, je n’ai rien à dire de négatif, ou rien de suffisamment sensible pour que la verbalisation vaille le coup. Beaucoup de précautions oratoires, j’en conviens, mais qui me semblent essentielles, parce que je veux être aussi juste et transparent que possible afin que mes opinions ne puissent pas être interprétées autrement que telles que je compte les formuler.
Et donc maintenant, je peux le dire : je crains que ce roman ne soit pas réellement terminé. En ce sens que j’y ai trouvé un nombre assez coupable de coquilles, de fautes de grammaire, de ponctuation et d’orthographe qui à mes yeux n’auraient jamais dû passer une relecture sérieuse. Et si habituellement, franchement, j’ai tendance à passer sur ce genre de petites scories évidemment complexes à expurger de façon exhaustive parce que je sais que sur 400 pages il est inévitable qu’elles se planquent trop bien pour qu’on les repère toutes ; là c’était trop, et surtout trop gros, dans la quantité comme dans la gravité des fautes en question. Je ne voulais pas en parler au départ parce que c’était un détail à mes yeux n’ayant qu’un rapport distant avec l’essence-même du texte, ce qui m’intéresse en premier lieu, mais avec l’accumulation, j’ai été à plusieurs reprises sorti de mon rythme de lecture. Il fallait que ce soit dit, parce que je considère qu’un tel manque de finition constitue une trahison du roman, en dehors de ça magnifiquement servi par ses illustrations intérieures comme extérieures et les intentions de son autrice, que je ne peux pas vraiment blâmer : la rédaction d’un roman n’est pas sa correction ; et je crois me souvenir que les conditions de rédaction de ce roman n’étaient pas simples.
Mais bref, revenons au texte, maintenant que j’ai craché la couche de cendre qui a un peu trop gâché mon plaisir. C’est lui qui compte vraiment.

Alors certes, pour opérer une sorte de transition, je dois admettre que le texte souffre un tout petit peu, lui aussi, de ce manque de finition, dans le fonds, quoique dans des proportions bien moindres. Là où j’ai souvent le sentiment que certaines longues séquences sont en trop ou trop grasses de volume, ici ce n’est pas le cas. Seuls quelques rares passages m’ont fait lever un sourcil dubitatif, n’étant pas toujours sûr de comprendre ce qui se passait à l’instant T, qui parlait à qui ou dans quelles exactes circonstances, heureusement toujours vite sauvé par la fluidité globale du récit me permettant de remettre les choses dans l’ordre. De la même manière, toute aussi limitée, je doute un peu de certains choix de cadrages tenant à certaines de mes psycho-rigidités littéraires quant au point de vue narratif, mais je ne m’étendrais pas dessus, ça n’intéresse personne. Mon seul vrai reproche tient à la moitié des dialogues semblant bien trop écrits et manquant de la gouaille oralisante que je connais de l’autrice et dont je me régale normalement ; c’est dommage d’avoir des personnages en majorité adolescents régulièrement s’exprimer comme dans une chanson de geste.
Mais tout ça, je n’en parle que parce que ça participe de ce sentiment de légère frustration me faisant penser que ce très bon roman aurait pu être vraiment excellent avec un peu plus de polissage et ajustements. Parce que oui, j’en fais des caisses sur les problèmes de ce roman, mais je l’ai aimé, ce roman, vraiment. Et c’est même probablement parce que je l’ai si clairement et inconditionnellement aimé que je parle tant de ce qui m’a si marginalement frustré, avec chevillé au corps ce sentiment de gâchis. Il aurait fallu si peu d’ajustements pour que je me contente de simplement traverser cette lecture avec enthousiasme et satisfaction, pour finalement vous faire cette même chronique avec uniquement des compliments à formuler. Compliments qui arrivent, d’ailleurs, parce qu’il serait temps, quand même, je suis d’accord.

D’abord, on a l’intrigue elle-même, le cœur de l’ouvrage à mes yeux : le genre d’intrigue si simplement bonne dans l’établissement et le dévoilement de ses mystères qu’elle m’a fait me rendre compte que bien souvent, il suffit de me raconter une bonne histoire pour m’attraper. Oui, c’est peut-être conceptuellement déjà-vu/lu pour qui baigne dans le fantastique avec un peu plus de régularité que moi, peut-être. Mais au bout d’un moment, est-ce qu’on s’en fiche pas un peu : moi, j’ai été happé, je voulais savoir de quoi il était question exactement, où tout ça allait, quel allait être le destin de notre bande de jeunes chenapans extrêmement attachants.
Avec en première ligne Siofra, qui je dois admettre, m’a beaucoup touché, en dépit de certains moments de profonde lassitude que je confesse sans mal. Mais étant moi-même au moins partiellement affecté par l’anxiété dont la jeune fille est victime, le fait est que ses incessants doutes et atermoiements irrationnels sonnent bien trop vrais pour que je les lui reproche, et encore moins à l’autrice. Parce que si au début du roman j’ai pu trouver que les constants rappels à la condition de l’héroïne pouvaient paraître redondants et un brin répétitifs – et donc usants – il m’a très vite fallu me rendre à l’évidence : il fallait au moins ça pour rendre compte de la réalité de l’anxiété et lui donner le poids que cette saleté mérite à l’aune du récit.
D’autant plus que Nelly Chadour a mes yeux, a su éviter dans le même élan le piège dans lequel tombent trop d’auteurices à mes yeux vis-à-vis de ce genre de condition : elle ne définit pas complètement le personnage, pas plus qu’elle ne constitue un obstacle à définitivement surmonter à la fin du récit. Spoiler mineur mais essentiel à mes yeux : Siofra est anxieuse au début, et elle l’est encore à la fin, mais elle a appris à mieux gérer son problème, et à le dépasser quand nécessaire. Encore mieux, elle s’est rendu compte qu’elle était capable de le dépasser voire de l’ignorer quand les circonstances l’exigent d’elles : j’aime profondément cette idée.

Et je l’aime d’autant plus profondément que le roman tout entier a l’intelligence d’aborder une myriade de thèmes autour de l’adolescence et du passage à l’âge adulte au travers de sa distribution, touchante d’organisme et d’humanité, avec des défauts, des qualités, des moments de grâce comme des moments moins réjouissants, le tout sans jamais forcer le trait. J’aime beaucoup quand les histoires qu’on me raconte sont avant tout des histoires, et que les constats éventuels à en tirer se font tout seuls, sans s’étendre en explications pontifiantes ou douloureusement péremptoires. Nelly Chadour, avant tout, s’échine à raconter une bonne histoire, certes chargée de symboliques et d’analogies, mais une bonne histoire avant tout, dont chacun·e a à tirer ses propres enseignements ; ou simplement le plaisir de se balader dans un univers autre le temps de quelques centaines de pages avec des personnages bien vivants.
Et je me répète encore mais vraiment, au delà de mes lubies analytiques et pinaillages habituels, j’ai pris du plaisir à lire cette histoire, du vrai. Du plaisir à découvrir les logiques tordues d’Unscilly, qu’elles fussent cachées ou non, leurs liens avec ses habitant·e·s étranges, à essayer de deviner les raisons derrière certains silences ou démonstrations d’agressivité, à avoir raison parfois, tort la plupart du temps, à simplement lire se dérouler des événements amusants ou que je devinais angoissants : j’ai pris du plaisir à lire un univers vivre, tout simplement.

Alors oui, j’ai passé un peu trop de temps à dire que certaines choses n’allaient pas pour ensuite me sentir crédible à dire que j’ai vraiment pris plaisir à lire ce roman : vous allez devoir me faire confiance, j’imagine. Non, objectivement, Avant 7 Jours n’était pas un roman parfait, ne serait-ce que dans ses dimensions éditoriales, bien que ça me chagrine. Mais au travers de ses quelques scories finalement plus voyantes que vraiment dérangeantes, j’ai, je pense, capté son essence : et elle m’a séduit, comme tous les autres romans de Nelly Chadour jusque là. J’y ai capté la même flamme rebelle, iconoclaste et bienveillante, ce plaisir de simplement, parfois, chaleureusement raconter une bonne histoire en bonne compagnie.
C’tait cool.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

2 comments on “Avant 7 Jours, Nelly Chadour

  1. Lullaby dit :

    Ce roman traîne aussi dans ma PAL depuis bien trop longtemps… (m’enfin il ne bat pas le record du Silmarillion qui m’a suivi dans tous mes déménagements et que je n’ai toujours pas ouvert. 20 ans qu’il traîne dans ma PAL, celui-là ^^’)
    Bref, pour les coquilles et autres je crois que c’est une spécialité de la ME. Ayant adoré la plume de Nelly Chadour par ailleurs (Hante-Voltige !), et vu ton retour, je crois qu’il y a de grandes chances pour que je passe un bon moment. juste, il faudra que je ne me crispe pas trop sur les coquilles et autres fautes (qui me font toujours le désagréable effet de trébucher sur un caillou alors que je savoure une bonne balade)

    Aimé par 1 personne

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