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Le Tombeau Scellé T3 – Nona la Neuvième

We Had It All – The Raskins

Pas facile à introduire, cette chronique. Pour ne pas dire cruellement difficile.
J’ai adoré les deux premiers tomes de la saga du Tombeau Scellé. Le premier était un surprenant délice de divertissement malicieux et mystérieux, le deuxième un petit chef d’œuvre de construction à tiroirs et de cryptographie. J’étais heureux d’être perdu dans un labyrinthe dans lequel je me sentais juste assez guidé pour avoir la confiance nécessaire afin de continuer à chercher la sortie. Autant dire que la hype était présente pour ce troisième volume.
Et ce même en dépit des avertissements de la camarade d’Outrelivres qui avait annoncé avec dépit avoir abandonné sa lecture de ce troisième volume bien avant sa conclusion. Sans aller chercher plus loin à ce moment-là, je m’étais alors dit que j’allais probablement devoir revoir mes attentes à la baisse, étant donné que nos goûts sont assez similaires ; mais je gardais quand même l’espoir que Tamsyn Muir nous gardait sous le coude une nouvelle surprise de son cru qui me ferait au pire considérer que ce troisième tome ne serait qu’une prise d’élan pour le quatrième et dernier tome. Un petit coup de mou avant le rush final et l’inévitable explosion de génie, à la rigueur. J’en étais à ce niveau de confiance.
Résultat des courses : non.
Je ne lirai même pas le quatrième tome. Je me sens trahi comme jamais je ne l’ai été. Descends de ton trône, Molly Southbourne, Nona la Neuvième vient de prendre ta place au rang des plus gros gâchis littéraires qu’il m’ait été donné de lire.
Imaginez moi, si vous le voulez bien, en cosplay de la femme de Loth, alors que je vais tacher d’expliquer sans trop d’aigreur pourquoi dans ce roman, à mes yeux, rien ne va ou presque.
*Grande respiration*

Par où commencer, tudieu.
Sans doute par le constat amer que la littérature, c’est un peu comme la magie : on ne peut pas faire le même tour deux fois de suite au même public. Une fois qu’on s’est fait avoir une première fois, même si c’est avec plaisir et enthousiasme, l’effet perd forcément de sa puissance la seconde fois ; on ne peut pas profiter du tour si on anticipe trop la punchline. Et c’est exactement ça ici, concernant au moins une bonne partie du roman. L’astuce est exactement la même que pour le deuxième tome : une nouvelle narration, de nouveaux personnages ou des plus ou moins familiers, mais vus sous un nouvel angle, de nouveaux enjeux, et la promesse implicite que tout ça fera sens à terme.
Sauf que ça ne fonctionne absolument pas. D’abord parce qu’au bout du troisième tome d’une tétralogie – devant n’être qu’une trilogie au départ, je rappelle – on commence à vouloir plus de réponses que de questions. Je concède volontiers ici que commencer ce troisième tome 1 an après ma lecture du deuxième n’a pas aidé à clarifier certains points de l’intrigue ou relations et dynamiques interpersonnelles, mais c’est mon seul effort de bonne foi envers Tamsyn Muir. Pour le reste, je considère simplement qu’elle s’est plantée dans les grandes largeurs en essayant de réitérer l’exploit de Harrow la Neuvième, que ce soit par pur hubris, ou via une pathétique tentative d’allonger la sauce en attendant de trouver une conclusion satisfaisante à une histoire qu’elle n’avait pas suffisamment planifiée.

Parce que sincèrement, ce roman, c’est un bordel. Et je pèse mes mots. Entre le reset quasi complet de son casting, le boxon géo-spatio-politique vu d’un point de vue externe et complètement ignorant du sujet, nous laissant régulièrement dans le flou, l’intrigue trainant ses guêtres pendant 400 pages dans un contexte complètement différent de ce qu’on connaissait jusque là, les interludes nous donnant un contexte préalable dont on a rien à faire et qui vient encore complexifier un récit qui était déjà suffisamment dense comme ça, c’est une continuelle purge. J’ai passé les trois quarts de ma lecture à rouler des yeux et soupirer très fort, que ce soit à la lecture de nouveaux mystères cryptiques fatigants ou aux moments de révélations trop rarement efficaces et beaucoup trop fières d’elles pour ce qu’elles représentaient d’avancée concrète dans l’intrigue. Je ne suis allé au bout qu’au forceps, avec l’espoir illusoire d’une éventuelle pirouette finale pouvant me faire comprendre de quoi il était exactement question, et réviser mon jugement avec soulagement. Sauf que non, donc.
Je parle d’hubris sans exagérer, parce que là où Tamsyn Muir, jusque là, en faisait des caisses avec flamboyance et assurance avec des codes de space-fantasy qui le permettaient, elle se met à en faire des tonnes dans un registre de science-fiction beaucoup plus poussif, oubliant au passage d’être fun, tout bêtement. De faire simple. À force de vouloir prouver qu’elle maîtrise tous les aspects de son histoire, de montrer qu’elle est capable de nous faire comprendre des choses au travers de personnages qui sont complètement paumés, qui ne disent pas tout, ou qui font alternativement semblant des deux, de jongler avec 3 tronçonneuses, 5 couteaux et un épagneul breton pour se la péter, elle m’a complètement et irrémédiablement perdu. J’en ai eu marre de devoir mettre ma lecture en pause toutes les deux pages pour essayer de me rappeler ou juste comprendre à quel personnage faisait référence l’un de ses quatre ou six noms ou surnoms, et à quel enjeu.
Franchement, je me considère comme un lecteur attentif et relativement intelligent, sans trop d’arrogance ; pour autant, je n’ai pas compris les trois quarts des implications de ce bouquin. Qui veut quoi, dans quel but, qui est qui, qui fait quoi, comment, pourquoi, exactement ? *Bruit de pet avec la bouche*. Obnubilée par l’idée de nous prendre par surprise à la moindre occasion pour prouver qu’elle a un gros cerveau – je vous ai prévenu pour mon taux de sel – Tamsyn Muir en oublie de réellement nous raconter quelque chose de prenant, avec des personnages dont on aurait quelque chose à faire, dans la continuité des tomes précédents. Allant jusqu’à s’accorder tranquillement des jokers à intervalles réguliers, histoire de faire continuer son histoire sans trop avoir à gérer les conséquences de ses errements, étant donné qu’un certain nombre d’éléments restent sans explications, ou balayés d’un nonchalant revers de la main. Du spectaculaire cryptique à tout prix, sans aucun soin.

Précédemment, j’avais le sentiment enthousiasmant et écrasant d’une totale maîtrise. Je n’étais pas sûr de la direction du récit, certes, mais j’avais une totale et complète confiance en Tamsyn Muir, alors je suivais avec délectation. Parce qu’elle avait l’air de savoir où elle allait, et comment elle allait parvenir à nous emporter dans son sillage, en m’en montrant régulièrement des preuves tangibles. Dans ce tome, ce sentiment a complètement explosé en vol. Des passages entiers semblent improvisés, faisant de l’esbrouffe, tentant des blagues et autres diversions fantaisistes qui n’ont d’autre effet que de nous rappeler à quel point les bouquins précédents étaient meilleurs, parce que dotés d’une direction, d’un objectif clair. Ici, le seul objectif à peu près clair m’est très vite apparu comme étant de faire un looooooong détour entre le T2 et le T4 afin de justifier l’existence du T3 lui-même. L’essentiel de ce volume n’apporte strictement rien à la saga qui n’aurait pas pu être raconté en quelques pages bien ciselées, en conclusion du T2 ou en introduction du T4, ou plus simplement au fil des deux ; tout simplement parce que ce roman, pour l’essentiel, ne raconte quasiment rien en rapport direct avec la saga, ou alors par ricochet et allusions impossibles à déchiffrer, trop empêtrées dans la perception de Nona, pauvre personnage qui ne comprend rien à ce qui se passe, et n’est absolument agente de rien. Avec suffisamment d’aigreur et un peu d’espièglerie cathartique, on pourrait presque avancer que Nona la Neuvième est au départ un autre roman indépendant, déguisé en troisième tome d’une autre saga pour se donner du temps et trouver une échappatoire à une tétralogie dont on a pas tout résolu avant de s’y attaquer. Heureusement, je suis un chroniqueur honnête et équilibré qui n’est surtout pas adepte de la prétérition ou du mauvais esprit.
On l’a échappée belle.

Bref, ouais, j’ai grave le seum. C’était si bien, si frais, si malin, et Tamsyn Muir a tout gâché, sans que je n’arrive réellement à comprendre comment ou pourquoi. C’est là le cœur de mon aigreur, évidemment. Je ne lui en veux même pas, en vrai de vrai : écrire c’est très dur, surtout quelque chose d’original ou de suffisamment singulier pour faire illusion. Je suis en colère parce que je suis profondément déçu, avant tout. J’avais l’impression que c’était un home run garanti, que c’était inratable. Et pourtant, elle a fait quasiment tous les mauvais choix possibles, selon moi. Ce qui, d’une certaine manière, est assez prodigieux, dans son genre. Il y a sans doute des explications tout à fait logiques et compréhensibles à ce que je considère comme un plantage total, sans doute même exogènes à l’autrice. Je n’en sais rien, au fond. Mais il demeure que c’est quand même foutrement dommage d’avoir de l’or entre les mains et d’en faire quelque chose d’aussi amphigourique, au point de jeter une ombre malsaine sur le reste de la saga, ce que je considérais comme deux petits bijoux de roman, et de me faire renoncer sans l’ombre d’un regret à la conclusion qui m’attendait.
Tant pis.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

5 comments on “Le Tombeau Scellé T3 – Nona la Neuvième

  1. Symphonie dit :

    Est-ce que le tome 2 a une fin qui se suffit à elle-même, ou pas ?

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    1. Laird Fumble dit :

      D’une certaine manière, oui. Disons que l’ouverture vers la suite/fin donne à imaginer une conclusion satisfaisante sans trop de problème, si mes souvenirs sont bons. Si on ignore l’épilogue.
      Ouais, donc non, en fait. ‘^^

      Aimé par 1 personne

      1. Symphonie dit :

        Merci, je vais laisser le tome 2 en attente du coup 😅

        Aimé par 1 personne

  2. L'ours inculte dit :

    Une chronique avec « bruit de pet avec la bouche », moi je trouve que ça tient du chef d’œuvre

    Aimé par 1 personne

    1. Laird Fumble dit :

      J’arrivais pas à trouver comment mieux retranscrire le bruit de frustration !

      J’aime

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