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Ni d’Ève ni des dents – Episode 8

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Jour 31
Début de Soirée

Bordel, ça a été compliqué de trouver un endroit et un moment tranquilles pour me faire mon petit rapport. On est quatre dans l’immeuble maintenant. On a été rejoints par deux mecs qui viennent de l’ouest.
Directement de la zone infectée. Puisque oui, il s’agit bien d’une infection finalement. Carl et Fred l’ont vécu en direct le mois dernier (un mois déjà…), ils ont pu nous en dire un peu plus, même si ce n’est pas grand chose.
En gros, en l’espace de quelques jours, sans cause visible ou clairement identifiable, plein de gens se sont mis à se comporter comme je vous les ai décrit ; un paquet d’agressions, beaucoup à caractères sexuels, pas mal de meurtres cannibales également. Il n’y a pas eu d’évacuation, juste une gigantesque coupure de courant généralisée. Donc aucune communication possible avec l’extérieur. Eux deux se sont réfugiés chez le père de Carl qui est actuellement en vacances à l’étranger et ont pu prendre sa voiture lorsque leur courage et les circonstances leur ont permis. A force de pauses et de détours pour éviter les infectés (le nom qui reste pour l’instant, par défaut), ils ont fini par repérer le reflet du soleil dans les jumelles sur le toit et, vu qu’ils étaient bientôt à court d’essence, se sont dit qu’ils allaient nous rejoindre, faute de mieux.
On a eu une chance insolente sur le temps qu’il nous a fallu pour transférer leurs affaires et leur stock depuis le coffre de la voiture. Tout s’est fait en silence, on n’a ressenti le besoin de discuter qu’une fois tous à l’intérieur, sûr.e.s d’être seul.e.s, que personne ne nous avait suivi. L’urgence et la peur dans leurs yeux n’ont pas nécessité qu’ils me supplient de leur faire confiance.
Faire le bilan, posés sur le toit, nous a pris l’après-midi entière, entre nos histoires et la leur. Croiser de nouveaux visages a fait beaucoup de bien à Fanny, ce qui me rassure. Et me vexe un poil aussi, mais je peux comprendre que passer un mois entier avec moi ne soit pas la perspective la plus réjouissante du monde. Surtout dans ces circonstances. J’imagine qu’à un moment donné, moi aussi j’aurais besoin de changer d’air et de perspectives. C’est l’avantage d’avoir eu une vie solitaire la majorité de mon existence j’imagine, ça forge les résistances.
Bref. On a aménagé une partie de l’immeuble pour accueillir les deux garçons, on a fait le ménage dans les étages. L’occasion de remarquer que l’eau courante commence déjà à manquer dans une partie du bâtiment, entraînant mauvaise odeurs et premières difficultés pour se laver ou simplement boire. Notre grande chance pour le moment c’est que la mode n’étant plus du tout à l’ordre du jour, la lessive est devenue absolument optionnelle, nous n’avons qu’à nous servir dans les réserves laissées par les gens, virtuellement infinies.
Non, le vrai problème maintenant, c’est que malgré les quelques stocks que Carl et Fred ont ramenés avec eux, nos besoins en nourriture ont tout de même doublé. Ce qui suggère de devoir assez vite faire des sortie dans un territoire passé de neutre à carrément hostile. Et même si nous sommes tous relativement en phase avec l’idée que toute violence de notre part ne serait que légitime défense, il reste assez compliqué d’être en paix avec l’idée de tuer des gens. Les garçons nous ont confessé avoir déjà du commettre quelques actes dont ils ne sont pas fiers et assurent être prêts à recommencer si nécessaire. Mais il ne peuvent pas être seuls à gérer cet aspect du problème. Selon eux, et je les crois bien volontiers, la majorité des infectés est encore à l’ouest, dans une partie du territoire qui selon eux a été complètement abandonnée par les autorités, bien plus nombreux et actifs que ceux qui sont arrivés ici.
On a pu discuter de nos hypothèses sur ce ce qui se passe chez ceux et celles touché.e.s par l’infection et les quelques observations qu’eux ont pu faire à leur contact.
Déjà, il semble que leur intelligence ne soit pas atteinte à proprement parler, la majorité garde un bon niveau de coordination et de d’articulation, en tout cas tant qu’iels parviennent à se nourrir et à s’hydrater. Iels ne ressentent plus la douleur, en tout cas n’y font pas suffisamment attention pour modifier leur comportement une fois blessé.e.s ; Carl m’a dit en avoir vu un courir sur une centaine de mètres avec une jambe littéralement brisée en deux, jusqu’à ce ce que la fracture de la cheville lâche complètement et qu’il tombe en laissant le reste de sa jambe derrière lui. Il s’est ensuite mis à ramper. Carl l’a distancé sans chercher à en savoir plus.
Il semblerait que la modification comportementale la plus importante à noter soit celle que j’ai repérée hier avant que les garçons n’arrivent. Nous n’avons pas encore vraiment atteint de consensus sur la théorie, mais il semble bien que les infectés puissent se catégoriser en fonction des pulsions qui ont pris le dessus chez eux. Faim, sexe, mode (d’après Fred mais nous sommes tous dubitatifs). Il nous manque beaucoup trop de données. Restent ceux et celles qui semblent vides de toute énergie et qui déambulent sans but apparent.
Reste aussi la question éthique. Sont ils simplement malades et traitables ? Peut on considérer qu’ils sont déjà morts ? Nous avons très vite balayé le débat, remplacé par la nécessité et l’urgence de déterminer si nous devons rester dans cet immeuble, combien de temps et dans quel arrangement. Carl et Fred sont de toute évidence un changement positif dans ce qui est devenu notre routine mais ils amènent autant de questions que de réponses aux soucis qui sont désormais les nôtres. La question n’a toujours pas été tranchée.
Nous avons passé tout notre temps ensemble depuis leur arrivée il y a maintenant deux jours, puisque le fait qu’ils s’installent avec nous n’a même pas semblé poser matière à discussion.
Ce qui soudainement me fait me demander quelque chose… Il faut que j’aille discuter de Francis avec eux.

Fin de Soirée

Ok. On a capté un truc important. Selon toute logique, il y a une période d’incubation. Francis a consommé les mêmes aliments que nous pendant les quelques jours qu’il a passé avec nous, respiré le même air, bu la même eau. Et nous n’avons pas succombé aux mêmes symptômes que lui. Ce qu’il l’affecte l’a donc affecté plus tôt que nous ; il a sans doute eu un rendez vous professionnel à l’ouest avant de repartir vers l’est et finalement venir s’incruster chez nous. Il a été contaminé pendant cette période là, et encore une fois, il serait logique que la source soit à l’ouest. Ce qui explique l’évacuation de la ville, le seul moyen d’instaurer une quarantaine régionale sans avoir à faire intervenir l’armée de façon trop radicale. Impossible de vérifier à cause de la pollution et de la distance, mais on suppose qu’il doit y avoir un cordon sanitaire constitué désormais. Les infectés sont coincés entre la mer et l’armée, et nous sommes coincés entre les infectés et l’armée. Eux n’ont qu’une seule direction dans laquelle aller, et nous n’en avons pas.
Reste à déterminer le réel niveau de menace que posent les infectés. Agressifs, certes, mais à quel niveau de forme physique et de discernement ? A quel point leurs obsessions président-elles à leurs actions et semblants de réflexion ? Comment fonctionnent-ils réellement ?
Plutôt que d’attendre et de désespérer, il va sans doute falloir aller vérifier directement sur le terrain.

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3 comments on “Ni d’Ève ni des dents – Episode 8

  1. muriellerochebrunet dit :

    Plus court certes, mais ouvrant de nouvelles et intéressantes questions et perspectives !

    J’aime

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