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Ni d’Ève ni des dents – Episode 1

Jour 1

Pour moi, ça a commencé dans la nuit d’hier. J’ai le sommeil hyper lourd, donc j’ai réagi en retard. J’ai été réveillé par la dernière alerte sonnée par la municipalité. Pas de sms pour expliquer la nature de l’alerte, et une panne de courant a frappé dans la demie heure qui a suivie. Plus de télé depuis des années, plus de réseau téléphonique et pas d’internet à disposition. Aucune foutue idée de ce qui a bien pu se passer. J’ai essayé de regarder par la fenêtre, mais mon bâtiment, situé dans un lotissement étudiant en banlieue du centre-ville, de fait, est loin de tout. Je n’ai ni vu ni entendu personne, si quelqu’un a essayé de me réveiller, il n’a pas du essayer très fort.
Que des restes de mouvements de panique un peu partout, des gens qui avaient du partir vers je ne sais où en laissant une très grande partie de leurs affaires. Je suis sorti de ma chambre, j’ai fait le tour du bloc, essayé de crier, il n’y a plus âme qui vive (en tout cas personne ne m’a répondu). Je n’ai pas de moyen de locomotion à ma disposition à part mon vélo et aucun moyen de contacter qui que ce soit, si tant est que j’ai jamais eu qui que ce soit à contacter…
J’ai essayé de rester calme et pragmatique, pas de meilleure solution que d’attendre. Je suis retourné me coucher et j’ai attendu le lendemain. Pas super bien dormi.
Pas plus de nouvelles au réveil, toujours pas de courant. Dans le doute, je me dis que je serais plus en sécurité ici, quoi qu’il arrive. J’ai rassemblé mes affaires dans une des chambres du rez-de-chaussée, l’une des plus proches de la sortie et j’ai constitué un début de stock alimentaire dans la chambre juste à côté. J’ai fait le tour de toutes les piaules du bâtiment, je me suis fait une jolie pile de bouquins, j’ai pu récupérer tout un tas de couvertures, draps, même du matériel de camping qui appartenait au petit bourge de mon cours de socio. Le mec avait même une glacière. Amusant quand même, deux ans qu’on se croise de loin dans tous nos cours et je savais même pas qu’il pieutait deux étages au dessus de moi. Le mec avait une photo de lui et de sa copine sur sa table de chevet si vous vous demandez comment j’ai deviné. Je suis donc l’heureux propriétaire d’un petit chauffage à gaz, avec une bonbonne en rab’. Le luxe. Ceci étant dit, en attendant de voir de quoi tout ça retourne, je vais me rationner et manger froid tant que le printemps est encore doux, il ne s’agirait pas d’être déraisonnable, je ne sais pas encore combien de temps je vais rester ici, ou même si je vais rester ici.
Je ne sais même pas ce que les gens ont fui.
Mais du coup, au cas où vous vous demanderiez pourquoi ce carnet (pour lequel je remercie une autre de mes collègues de fac d’ailleurs, très jolie photo, son copain n’est clairement pas le mec le plus à plaindre sur Terre, vu ce que j’ai trouvé d’autre dans sa piaule elle n’a pas l’air d’être la dernière pour s’amuser), je me dis que si je dois y rester, peut être que je pourrais y noter des infos intéressantes pour ceux qui trouveraient mon cadavre. Ça et ne pas tourner complètement dingue à cause de la solitude tout de suite.
Soyons optimiste, n’est ce pas, laissons nous du temps. : D
J’écris ces lignes en fin d’après midi, plus précisément à 19h25 selon la jolie montre à quartz que j’ai récupérée je-ne-sais-où. Fouiller et ranger m’a pris la majeure partie de la journée, le soleil commence à peine à se coucher. Je suis actuellement sur le toit du bâtiment, où j’ai installé la lunette d’astronomie que j’ai trouvé dans la chambre d’un étudiant étranger. Je sais pas pourquoi je rajoute ce genre de détails. Bref.
J’ai surtout regardé en direction du centre ville, je n’y ai rien vu. Pas de mouvement, pas de bruit. Pas de signes de dégradations majeures. Mon hypothèse de départ, une attaque militaire étrangère, n’est donc pas étayée pour le moment. Pas de fumée ni de signes de pollution de l’air non plus, donc je ne pense pas à un accident nucléaire ou industriel. Aucune idée de ce qui a pu se passer.
L’évacuation a l’air de s’être bien déroulée, je ne vois pas de signes de carambolages ou de bouchons sur les routes que je vois d’ici. Aucune voiture ou presque à l’horizon, en tout cas aucune en mouvement.
Je me dis quand même que mon acharnement à vouloir m’isoler des autres depuis quelques temps m’a peut être coûté quelques infos sur ce qui se passe.

On verra dans les prochains jours j’imagine.

Jour 3
Début de soirée

Rien à signaler de particulier pendant les deux derniers jours. J’ai passé la majeure partie de mes journées sur le toit, le temps est très clément et la lumière généreuse. Je n’ai pas encore osé m’aventurer en dehors du bâtiment, j’ai suffisamment de nourriture pour encore une grosse semaine et de la lecture à profusion. J’ai quand même continué à faire le plein d’autant de matériel anti-ennui que possible ; j’ai marqué à la craie rouge (trouvée dans une chambre d’étudiant en arts plastiques) toutes les portes des chambres que j’ai entièrement pillées. Il me faut admettre que le divertissement audiovisuel me manque tout de même sévèrement. Je vais devoir apprendre à faire sans.

Lu :

  • Je suis une légende, Richard Matheson. (ça me semblait approprié). 7/10
  • Le Rouge et le Noir, Stendhal. 4/10

J’hésite encore sur la marche à suivre dans les prochains jours. Le plus sûr serait de limiter mes sorties aux bâtiments voisins pour le moment, je suis à peu près certain d’y trouver encore pas mal de choses utiles, mais je me suis fait la réflexion que si je tarde trop à aller fouiller dans les magasins d’alimentations, la plupart des denrées périssables seront au delà de toute récupération. Je me dis que tout ce qui est sec ou en conserve sera encore consommable pendant un certain temps mais j’ai quand même un peu peur de savoir ce qui a poussé le reste de la population à l’exode.
Autre donnée d’importance, l’eau courante semble toujours fonctionner, même si je ne peux plus avoir d’eau chaude. Pour combien de temps ? Je pars du principe que ça ne va pas durer, donc j’ai fait des réserves d’eau dans des bouteilles en plastique que j’ai récupérées un peu partout et stocké dans ce que j’appelle maintenant mon garde-manger. Je me lave avec un gant. J’ai l’impression d’avoir vieilli d’un seul coup.
Je note également que j’ai déjà commencé à me parler tout seul. C’était rapide.
Demain, je vais dans le bâtiment voisin. Je pousserai plus loin plus tard. De toute façon, ce qui est périssable doit déjà être mort.

Jour 4
Fin de matinée

Finalement je ne suis pas sorti. J’ai entendu des bruits aux abords du bâtiment quelques minutes avant l’heure prévue pour ma première expédition. Sous le coup de la peur, j’ai commencé à me créer un équipement dédié au combat, on ne sait jamais sur qui on peut tomber, et on connaît la propension des êtres humains à vouloir se mettre sur la gueule pour les raisons les plus mesquines. Je ne suis pas violent à proprement parler, je ne crois pas avoir tapé qui que ce soit de ma vie, mais je vais pas me décider à être pacifiste alors que ma survie est en jeu.
Et ça fait très bizarre de parler de survie alors que 5 jours plus tôt ma priorité était de ne pas oublier d’aller en cours et d’améliorer mes performances sur Overwatch.
Mais bref, ça fait deux heures maintenant que je suis à une fenêtre du troisième étage à surveiller tout ce que je peux avec un montage grossier de miroirs que j’ai chopés un peu partout. Toujours rien en vue, mais j’ai régulièrement capté des bruits divers, des chocs et des frottements, parfois ce qui ressemble à des jurons étouffés.

De toute évidence, je ne suis pas le seul à avoir été oublié ici.
La question maintenant, c’est de savoir si j’essaie de rester seul ou non.

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42 comments on “Ni d’Ève ni des dents – Episode 1

  1. Chloé Gaster dit :

    Intéressant. Je m’en vais lire la suite.

    Aimé par 1 personne

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