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Célestopol 1922, Emmanuel Chastellière

Je la mets en grand. Parce que Marc Simonetti, quand même.

Carnival Of Rust – Poets Of The Fall (extrait de l’album éponyme)

Je crois que j’ai déjà eu l’occasion de le dire dans le coin, mais ça vaut le coup d’être répété ; la confiance, c’est sans doute la ressource à laquelle je suis le plus attaché en tant que lecteur, celle que je considère comme la plus précieuse, parce qu’elle se construit sur le long terme. Or, c’est sur ce même long terme que mon attachement à Célestopol s’est surtout bâti. Déjà près de deux ans après sa lecture, j’en ai conservé des souvenirs qui en sont devenus meilleurs au fil du temps. Et même si ma lecture de La Piste des Cendres fut un peu compliquée, j’ai quand même trouvé en Emmanuel Chastellière un auteur très solide, dont les ambitions narratives me parlent, malgré quelques rares incompatibilités.
Donc, très logiquement, quand il a annoncé la sortie d’une suite à Célestopol, un ouvrage pour lequel mon estime n’a cessé de monter depuis sa lecture, j’étais très content ; d’autant plus que l’écrin proposé par les éditions de l’Homme sans Nom titillait allègrement mon côté fanboy d’illustrations magistrales de couverture. Ça aussi, ça mérite d’être répété : Marc Simonetti, il déconne zéro.
Mais bref, s’extasier c’est bien joli, il s’agit de chroniquer, tout de même ; parce que Célestopol 1922, c’est un joli morceau.
Si vous voulez bien prendre la peine de me suivre.

Je crois que c’est la première fois que je lis un fix-up faisant suite à un autre fix-up. Et c’est le premier aspect de cet ouvrage sur lequel je vais me pencher, parce que je crois qu’il participe grandement au sentiment étrange qui m’a habité pendant une grande partie de ma lecture. Si j’avais finalement tant aimé le premier volume narrant les aventures de cielles vivant à Célestopol, c’était pour la qualité presque organique de dénominateur commun de cette dernière. La ville n’est pas seulement une toile de fond, elle est un personnage à part entière, répondant seulement à des impératifs autres que ceux auxquels on pourrait traditionnellement s’attendre.
Partant de là, je m’attendais à pouvoir profiter de cet effet de liant dès le début de ma lecture de cette suite, fort de mes souvenirs ; prêt à débusquer les détails et clins d’œil à des événements ou personnages déjà croisés ou destinés à l’être. Et si, en effet, je n’ai pas été déçu de ce côté là, sans que j’arrive réellement à me l’expliquer, il y avait un truc qui n’allait pas. Les nouvelles étaient excellentes, très franchement, je dirais même qu’Emmanuel Chastellière a relevé son standard de qualité par rapport à son premier volume. Cette fois ci, aucune faiblesse à signaler, aucune nouvelle dont j’aurais pu dire qu’elle était en dessous des autres. Et pour autant, j’avais l’impression qu’il manquait un petit quelque chose, sans réussir à qualifier la nature du vide. Mais j’y reviendrai.

L’essentiel, d’abord, c’est d’insister sur les grandes réussites de cet ouvrage, à savoir sa cohérence thématique et son travail atmosphérique. Il exsude de ce livre une profonde et touchante mélancolie, malgré la multiplicité des genres convoqués pour nous narrer les destins de cielles qui parcourent les rues si singulières de la cité de la lune. Je ne me suis ainsi jamais ennuyé, bien que j’ai sans doute plus apprécié le travail d’Emmanuel Chastellière de façon analytique que vraiment émotionnelle ; c’est à mettre sur mon compte, pas le sien. Malgré la distance de la fiction et l’application technique, ses personnages sont organiques, ils ont du souffle, ils racontent et vivent des choses aussi curieuses que poignantes, selon les circonstances. C’est assez terrible, en fait parce que je n’ai que des compliments assez bateaux à formuler, malgré tous mes efforts d’imagination. Célestopol, pour notre plus grand plaisir, est une ville vivante qu’on apprécie lire au travers de cielles qui l’habitent, malgré son ambiance parfois lourde de sentiments difficiles, grâce à ses personnages se croisant d’une nouvelle à l’autre, des implications cachées et les rappels à notre réalité distillés dans son uchronie.

Oui, franchement, c’était juste excellent, alors qu’est ce qui pouvait bien me donner ce sentiment si curieux d’avoir raté quelques chose ? J’ai beau avoir une excellente mémoire, ma lecture du premier Célestopol datait tout de même un peu, l’explication me semblait aisée ; l’oubli devait être la clé. Quelque chose dans la chronologie, peut-être, ou quelques détails me titillant inconsciemment, faisaient qu’inlassablement, je me disais, quand même, que quelque chose n’allait pas. Et j’insiste vraiment là dessus, parce que ce sentiment ne voulait pas partir. Peu importe la nouvelle, malgré mon niveau de plaisir et d’abandon au cœur des récits qui m’étaient proposés, il arrivait toujours un moment où, sans vraiment réussir à me l’expliquer, je fronçais les sourcils. Mais si le premier volume m’avait offert une leçon, c’était bien qu’il fallait que j’aie confiance en son auteur. Alors, sans peine, je persévérai, en espérant trouver ma réponse, la même illumination que la première fois, ce moment où Emmanuel Chastellière me donnait la clé qui faisait différemment sens de l’ensemble, me donnant encore une fois de relire l’ensemble pour voir ce que j’avais raté.
Le meilleur moyen de résumer mon ressenti face à ma lecture de l’astuce de l’auteur, ce serait de déclarer ceci : « Non seulement j’ai eu envie de relire l’ensemble, mais j’ai aussi envie de relire le premier volume, maintenant ». Tu parles d’une illumination. Qu’est ce que c’est malin, et à tant d’égards.

Nul besoin d’en rajouter, je crois. À vrai dire, les mots me manquent un peu tant le sentiment est simple. Le travail d’architecture est toujours aussi cool, c’est aussi basique que ça. Célestopol la ville est un formidable terreau pour l’imagination fertile d’un auteur aussi exigeant qu’Emmanuel Chastellière, qui semble toujours vouloir aller au delà des limites qu’il s’est lui-même imposées ; non pas par hubris, mais par saine ambition. Cet univers uchronique fantasmé est riche d’idées, de concepts et de possibilités ; nul doute qu’il n’a pas fini de nous dévoiler toutes les surprises que son auteur nous réserve.
J’avais hâte de lire ce volume, maintenant j’ai hâte de le relire et de relire son prédécesseur, comme j’ai hâte de lire une potentielle nouvelle suite (sans parler de la beauté potentielle de la prochaine couverture si l’équipe reste la même ; ça compte). Je crois qu’on appelle ça un succès.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles.

11 comments on “Célestopol 1922, Emmanuel Chastellière

  1. Yuyine dit :

    Ouuuh j’ai hâte du coup! Je fais parti des rares à ne pas encore avoir lu le premier recueil, je me demande ce que ça donner en commençant par 1922.

    Aimé par 1 personne

    1. Laird Fumble dit :

      Je pense que ça marchera d’autant mieux que tu n’auras pas du tout les mêmes attentes que moi.
      C’est vraiment un excellent fix-up. 🙂

      J’aime

    2. Emmanuel dit :

      Ah, j’aimerais bien qu’on compte les non-lecteurs de Célestopol sur les doigts d’une main ! 😉

      Aimé par 1 personne

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