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Impossible Planète – Episode 24

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Je sais pas trop par où commencer, en vrai… C’est l’inconvénient de vouloir ménager autant de zones d’ombre et un incroyable suspense, j’imagine, je peux m’en prendre qu’à moi-même.
Bon.
Vous vous souvenez, si vous avez un peu suivi, du moment où je vous ai parlé du fait assez étrange que la Firme avait fait rapatrier la télécommande des abords de notre chère impossible planète sans avoir elle-même amorcé des recherches à son sujet ?
Eh bah en fait, c’est très simple, elle savait parfaitement qu’il y avait un truc à creuser dans le coin, elle ne savait juste pas vraiment comment s’en charger, ou du moins ne voulait pas se salir les mains trop directement. Or, une telle puissance technologico-financière ne se construit pas sans un certain sens de l’anticipation et de la prise de risques. Il s’avère qu’elle avait complètement conscience du petit plan devisé par Burrito et ses petits copains, depuis le tout début ; ça arrive tout le temps, dans ce genre de structures. Et plutôt que les tuer dans l’œuf, les grosses huiles à la tête de la Firme, ont très vite compris qu’elles avaient plutôt intérêt à les encourager et les aider sans s’en donner l’air, histoire de les piéger au moment le plus opportun et profitable.
En fait, la télécommande avait été découverte dans les débris d’un vaisseau xéno, parmi un autre bon paquet d’artefacts qui ont été dispersés un peu partout dans la galaxie pour être étudiés selon les spécialités des différents succursales de la Firme, ou provoquer le genre d’intérêt cupide qui nous a amené ici. Je ne vais pas rentrer dans les détails des choix qui ont pu être opérés à cette occasion, tout simplement parce que je ne les ai pas en ma possession, et que surtout, c’est pas mon problème.
Par contre, je peux vous parler de Cap’. J’ai habilement évoqué la possibilité qu’elle soit dotée de pouvoirs psionniques, plus tôt, parce que oui, évidemment, elle en est dotée ; vous l’aviez certainement compris, puisque vous aussi, vous êtes des petit·e·s malin·e·s, n’est ce pas.
Il s’avère que notre télécommande ne peut être activée que via l’usage de ces pouvoirs, dont nos amis xénos étaient très certainement communément dotés, eux ; l’humanité a tout juste commencé à les développer de façon naturelle. Une question d’équilibre dans les doses des différentes radiations solaires qu’on peut recevoir au fil de nos voyages spatiaux, en conjugaison avec les différents impacts gravitationnels qu’on peut subir, je crois. Un truc marginal et très compliqué, qui laisse une énorme part au hasard et à la chance, malgré toutes les protections dont l’humanité a dû se doter au fil des décennies pour éviter les cancers et les ostéoporoses, mais je ne voudrais pas m’égarer ou vous ennuyer avec toutes ces choses techniques et ennuyeuses.
Il fallait donc que la télécommande arrive entre les mains de quelqu’un qui disposait des capacités nécessaires à son activation, mais aussi et surtout, des ressources pour se rendre sur place et faire le travail d’exploration à la place de la Firme. Croyez le ou non, mais ce n’est pas la première fois que la Firme doit gérer ce genre de situation ; un paquet d’innovations techniques sorties de nulle part sont dues à ce genre de petites découvertes. C’est l’inconvénient principal de laisser tant de pouvoir au privé à l’échelle de la Fédération, même si ce n’est pas vraiment voulu par tous les partis au pouvoir, la distance et le temps que nécessitent les voyages et les transferts d’information : il est beaucoup trop simple de cacher des choses au commun des mortels quand une nouvelle met au mieux trois semaines à seulement commencer à se répandre. C’est plus comme avant, c’est presque triste. L’expansion n’est pas le progrès qu’on croit.
Quelques malheureuses décompressions ou explosions en espace profond, un virus informatique dans les boîtes noires ou une interception bien planifiée ; au pire quelques crédits qui changent de mains, et le tour est joué, personne n’en entend parler. S’assurer de la loyauté ou de la discrétion de quelques personnes clés, c’est si simple, on se rend pas compte. Mais pardon, je m’égare encore, incorrigible, je suis.
L’essentiel à retenir, ici, c’est que la télécommande nous était arrivée entre les mains comme il avait été prévu par la Firme, et que le délai avant notre interception n’était pas de deux semaines, mais bien plus court. 9 jours, pour être précis. Quant à savoir comment je le sais, modérez votre impatience, s’il vous plaît, et reprenons là où je m’étais arrêté avant que je ruine toutes les surprises. Promis, les réponses arrivent. Si tant est qu’elles soient nécessaires, je me dis soudain que j’ai sans doute pas été aussi subtil que j’aurais aimé. Je pourrais toujours blâmer mon manque de lucidité sur la perte de sang.

Donc. Au bout de quoi, du coup… 4 jours, je crois, on avait abattu douze salles, et il nous en restait trois, qu’on devinait déjà horribles. À ce stade, il faut bien dire qu’on était complètement désensibilisés à nos morts, c’était devenu un jeu, on en avait pris notre parti. On avait même découvert quelques aspects très profitables de la résurrection à répétition. À savoir qu’on avait pas besoin de manger ni de boire, ou même de dormir et que les clonages dupliquaient absolument toutes les composantes de nos cadavres au moment de nos morts, et nous restauraient en complète possession de nos moyens. Donc on s’est fait une pile de morceaux cybernétiques d’Andro et de scaphandres ; y a pas de petits profits, n’est ce pas. Aucun moyen d’être sûr·e·s qu’on pourrait les ramener à la surface ou dans le vaisseau, à terme, sans parler du nettoyage ou de la désinfection desdits morceaux, mais la prévoyance, tout ça, on sait jamais.

Bon, évidemment, les deux gugusses à la surface, eux, devaient faire comme d’habitude, mais on gagnait un sacré stock, en étant quatre à ne pas manger ni boire. Et puis comme on avait besoin de dédramatiser comme pas possible, se créer un petit running gag à base de « Oh, j’ai un ptit creux » suivi de sauts dramatiques pour se faire éclater par une quelconque machinerie planqué dans un mur, ça pouvait pas faire de mal. Enfin si. Mais pas vraiment. Je crois que vous voyez ce que je veux dire.
Breeeeeef, pardon.
Jusque là, les salles, une fois terminées, se contentaient de nous en ouvrir d’autres, c’était pas folichon. Le sport-énigme (c’est comme ça qu’on a fini par appeler cette étrange discipline), c’est sympa, mais c’est un poil répétitif, à la longue, quand même, on aurait pas été contre un p’tit film ou un club de lecture, histoire de rompre la monotonie.
De leur côté, Tombal et Larsen avaient continué de bosser à leurs missions, à savoir cartographie et décryptage, bien aidés par Achille ; toujours aucune nouvelle d’Hector, mais on s’était un peu fait une raison ; sans compter qu’on avait autre chose à l’esprit, honnêtement. Je crois même que je l’avais un peu oublié. Niveau cartographie, c’était pas dingue, pas beaucoup d’ouvertures visibles ou utiles, après autant de temps, on ne voyait pas vraiment de moyen de sortir sans un coup de main de type téléportation offert par notre geôlier planétaire.
Par contre, Larsen (enfin Achille, hein, soyons pas naïf·ve·s) avançait bien, lui. Il avait même commencé à bricoler un transpondeur lexical pour faire une traduction sans trop de délai entre le discours humain et celui des Drogos. Bon par contre, puisqu’il manquait toujours de réelles bases pour concevoir un semblant d’alphabet ou quelque chose d’approchant, il était obligé de procéder par tâtonnements. Et puisqu’il ne voulait pas risquer de mourir, et donc probablement de se retrouver en bas avec nous, il était obligé de prendre beaucoup de précautions. Sans doute trop pour pouvoir vraiment avancer efficacement, le pauvre. Il commençait à sérieusement fatiguer.
C’est la treizième salle qui a débloqué la situation. Niveau pièges, etc, rien de particulier à signaler, à part peut-être une certaine innovation avec les sprays d’acide sous haute pression qui nous ont donné quelques jolies peintures abstraites. Nan, l’important, pour le coup, c’était pas le voyage, c’était bien la destination.
Au bout de la salle, cette fois, pas un interrupteur, mais deux. Sans nos progrès sur le spectre visuel de nos copains xénos, rien ne nous aurait permis de faire la différence entre les deux. Mais évidemment, il y en avait une ; à savoir un interrupteur normal – ou en tout cas qui ressemblait à ceux qu’on avait utilisés jusque là – et un nouveau, qui semblait un peu plus… menaçant ? C’est difficile à verbaliser. Mais à force de voir toutes ces couleurs invisibles autour de nous, de savoir qu’il y avait tant de sons inaudibles autour de nous, on avait commencé à développer une sorte de sixième sens ; comme une compréhension instinctive, quoique bancale, de ce que les xénos ou la planète attendaient de nous. Ah bah si, c’était assez bien verbalisable, en fait. Trop fort.
On l’a décrit à Larsen là haut, ce qui lui a fait une pause bienvenue dans son 28e pétage de câble quotidien à propos des Drogos qui veulent rien faire comme il dit, le temps qu’il essaie de déchiffrer ce que ce nouvel arrivant demandait de nous pour l’activer. Ce qui, coup de bol, a été en fait assez rapide, parce qu’il avait un interrupteur tout pareil de son côté. Incidemment, le même qu’il avait déclenché juste avant qu’on soit téléporté, à quelques tous petits détails près. Légère crainte, mais la perspective de pouvoir être de nouveau téléporté·e·s, et donc potentiellement à l’extérieur, nous a fait décider très vite que oui, franchement, on pouvait bien prendre ce risque, hein. Allez.
On a appuyé en faisant siffler le transpondeur de Larsen à travers le micro du scaphandre. Et on a attendu, tout tendu. Pas longtemps, je vous fais pas mariner. Par une espèce de réflexe nouveau, sans doute lié à ce genre d’instinct dont je vous ai parlé, on a activé nos caméras à spectre xénos, pour voir un hologramme se projeter sur le mur en face de nous. Et on a pu voir à quoi ressemblaient ces foutus xénos.
Dé-gueu-lasses.
C’est pas pour être xénophobe hein. ‘Fin je sais comment je sonne, j’imagine que j’aurais mieux fait de tourner sept fois ma langue dans ma bouche avant de dire ça… Disons que leur apparence nous a fait un choc, et qu’elle hante encore mes rêves (je concède avoir des rêves très encombrés ces derniers temps). Je pense que j’ai quand même le droit de plaider le choc culturel initial et le temps d’acclimatation, juger leur apparence selon nos standards, le temps de voir les choses différemment, tout ça, vous voyez l’idée, j’espère.
Mais mettez vous à ma place, deux minutes. Figurez vous… Une huître. Pas la coquille, l’intérieur. Selon notre sens complètement pété des perspectives, mais en corrélation avec notre environnement, entre 2 mètres 50 et 3mètres. Des blobs informes, grisâtres, la… peau ? Vaguement irisée, parcourus de structures osseuses, internes comme externes, parce que leur  »corps », selon leur orientation vis-à-vis de la caméra, était plus ou moins translucide ; on pouvait presque apercevoir ce qui devaient être leurs organes ! Et c’est pas tout, les structures osseuses en question semblaient se réorganiser en permanence, selon les besoins de nos copains les Blobs, émettant selon Larsen, qui écoutait au travers de nos micros, sur tout un spectre de vibrations en créant des trous un peu partout sur leur corps, en faisant vibroter la gelée qui leur servait de chair.
Passé ce choc conceptuel assez dramatique, sur lequel je confesse passer très vite parce qu’on a sûrement raté une tripotée de détails, on a compris qu’on avait affaire à… une vidéo explicative. Pour le coup, aucun doute permis ; peu importe la civilisation, les pictogrammes et les images d’illustration, ça ne laisse que rarement un doute, le langage a des universalités dont il faut savoir profiter.
Sous nos yeux ébahis, on a eu droit à un tutoriel d’utilisation d’un portail de téléportation, censément celui qu’on venait d’ouvrir dans le hangar qui nous servait de zone de stockage, selon les images en temps réelles qui avaient été intégrées dans le fil de la vidéo. C’est beau la technologie.
Et le message était clair. Un·e à la fois, sinon c’est pas possible de reconstituer proprement le clone, et il fallait être bien sûr·e de passer ledit portail, parce qu’une fois tout le monde passé, il se refermait derrière nous.
Quelques séquences supplémentaires nous montrant au passage les capacités corporelles de ces foutus Blobs – les pièges étaient pas du tout aussi compliqués pour eux que pour nous, c’est complètement injuste – pour nous suggérer de faire les salles restantes avant de prendre le téléporteur si on sentait qu’on avait besoin d’entraînement ; c’est absolument hallucinant ce qu’on peut faire passer par des pictogrammes malgré la barrière de la langue, je vous jure.
On n’a pas réfléchi longtemps, on a sauté dans la première fosse à pique venue pour être réinitialisé dans le hangar de départ, et on a tiré au « court-bras-de-cadavre-d’Andro » pour décider qui y allait en premier. J’ai per… gagné, ahem, et je me suis donc élancé, la fleur au fusil, au travers de la membrane éthérée qui flottait devant nous, comme une douce invitation au voyage, faisant trembler l’air comme une chaleur de canicule.
En deux secondes, j’y étais, bientôt rejoint par le reste de l’équipe. Par acquit de conscience, on a attendu trois petites secondes pour discerner le tremblement d’air de la membrane de téléportation se dissiper.
J’ai entendu comme tout le monde un grésillement familier dans mes oreilles, signalant qu’on avait retrouvé le contact avec Hector.
J’ai compris que c’était le moment ou jamais pour agir.
J’ai soupiré, gravement, parce que je vous jure que ça me faisait chier. Mais j’avais pas vraiment le choix.
J’ai ouvert le compartiment secret que j’avais bricolé dans mon scaphandre, j’ai sorti mon flingue, et avant qu’iels puissent réagir ou même comprendre, je les ai buté·e·s.

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