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Le Bâtard de Kosigan T4 – Le testament d’involution, Fabien Cerutti

Gasoline – Måneskin (extrait de l’album Rush!)
Club Foot – Kasabian (extrait de l’album éponyme)

C’est qu’on en conclue des sagas ces derniers temps, dites-moi. La fin d’un cycle, le début d’un nouveau, quelque chose dans ce genre là, dirais-je, si j’étais d’humeur méta. Non, évidemment, la réalité est bien plus simple, pragmatique : j’ai aimé toutes mes lectures consacrées à Fabien Cerutti et son Bâtard de Kosigan jusque là. Et après celle – ne dérogeant pas à la règle – du Marteau des sorcières, troisième tome aussi efficace et prometteur que ses prédécesseurs ; il fallait que je sache, une bonne fois pour toutes. Alors j’ai un peu précipité mon achat de ce quatrième et dernier tome, me disant que ce serait vite expédié, et sans doute avec plaisir, pour une chronique à l’avenant.
J’avais raison. Et un peu tort aussi. Disons le, ce Testament d’involution fait à mes yeux autant office de confirmation des talents de Fabien Cerutti que de légère déception à l’aune de sa saga. Je prends les choses du bon côté, vous expliquer tout ça me permettra d’éviter de me répéter ; il y a des choses à dire.
Alors disons les.

Comme le dit très bien le résumé des tomes précédents en début d’ouvrage – une pratique à généraliser, vraiment – les événements de ce dernier tome se déroulent à la suite de ceux racontés par le troisième et en dépendent directement, nul besoin pour moi de raccrocher les wagons ici, suffisamment efficace en soi. Jolie perche que je me tends à moi-même ici, permettez moi de m’en saisir pour effectuer une habile transition : parlons efficacité. C’est la plus grande qualité que je prête à Fabien Cerutti depuis le tout début de ma lecture de sa saga du Bâtard, dès L’ombre du pouvoir, et dans tous les tomes qui ont suivi, y compris dans le dernier en date, en dépit d’un changement de rythme que je trouvais aussi habile que bienvenu, parce que parfaitement maîtrisé et diablement prometteur. Et si j’avais totalement confiance en l’auteur pour conserver cette efficacité au moment de la conclusion d’une saga jusque là assez impeccable, je dois bien dire que cette fois-ci, le compte n’y est pas complètement à mes yeux. Alors histoire d’être complètement transparent et éviter les malentendus, je vais dire de suite ce que d’ordinaire j’aurais sans doute réservé à la fin de la chronique : ce roman est bon et ne gâche absolument pas l’entièreté de la tétralogie à laquelle il appartient par ses seules fautes. Non, clairement, j’ai pris beaucoup de plaisir à le lire et à découvrir toutes les surprises qu’il me réservait.

Mais c’est peut-être là, précisément, que le bât blesse. Peut-être y avait-il trop de surprises là dedans, trop d’enjeux, dont certains totalement nouveaux, faisant prendre à l’ensemble de la saga une ampleur qu’elle ne semblait pas pouvoir prendre jusque là. Peut-être Fabien Cerutti, ayant à l’esprit toutes les (formidables) possibilités que ses concepts et idées ouvraient pour lui, s’est un peu trop oublié à ouvrir des horizons nouveaux, à promettre des romans et cycles futurs, oubliant au passage de s’occuper au mieux de ce qu’il avait sur les bras d’abord. En résulte un roman extrêmement dense, perdant beaucoup en efficacité ce qu’il gagne en exposition. Si dans Le marteau des sorcières, je n’avais eu à déplorer qu’un seul info dump un brin indigeste, je dois dire que j’en ai compté facilement trois ou quatre dans ce Testament d’involution, sans compter un grand nombre de dialogues un peu trop forcés où insérer un maximum d’informations et de promesses sous-entendues, histoire de dire qu’en fait, nous n’avions encore rien vu.
Et dans l’idée, je dois dire que je suis content, de n’avoir encore rien vu : le concept général qui sous-tend Le bâtard de Kosigan, en lui-même, est absolument captivant. Mais pour autant, je ne saurais dire si un tel gonflement des enjeux et de l’horizon des possibles au fil de ces deux derniers volumes, en particulier au moment de leur conclusion, me satisfait pleinement, au vu du ton et des ambitions affichées jusque là par Fabien Cerutti. C’est assez difficile à exprimer, mais j’ai eu parfois le sentiment que l’auteur lui-même était empêtré jusqu’au cou dans l’écheveau des intrigues croisées qu’il avait tissées jusque là, forcé de tout expliquer, tout montrer, à propos de tout le monde, partout, à tous les instants, ne s’accordant aucune ellipse, aucune zone d’ombre. Or, dans un univers comme celui-là, avec ce qu’il suggère de mystères, j’aurais sans doute pris de l’étrange et quelques questions sans réponses supplémentaires ; d’autant plus en comprenant assez vite que cette saga seule ne saurait répondre à toutes mes questions. J’aurais peut-être apprécié que l’auteur me fasse plus confiance en tant que lecteur et cesse de me donner autant de gages ; qui à défaut de me rendre plus curieux ou patient, ne me faisaient qu’espérer que certaines péripéties se terminent juste et qu’on en vienne au fait.

Après, demeure quand même, comme je le disais, que le roman est bon, et que la saga demeure bonne. Les idées sont bonnes, la réalisation est bonne, les changements de points de vue apportent toujours une variation rafraîchissante dans l’expression, en dépit, effectivement, d’un rythme qui souffre ici un peu trop des désirs d’exhaustivité de l’auteur voulant garder toutes les places établies bien au chaud. Si j’exprime plus ma déception que mon contentement dans ces lignes, c’est sans doute parce que j’ai eu trois autres chroniques pour ne dire essentiellement que du bien des travaux de Fabien Cerutti, parce que là, maintenant, ma déception s’exprime plus fort en moi que ma satisfaction : je suis un peu frustré, j’avoue, que finalement, on en soit un peu réduit à se dire, d’une certaine manière, tout ça pour ça. On a beaucoup avancé, on a appris énormément de choses, on a vécu de super aventures, pas mal d’arc narratifs ont fini par arriver à leurs conclusions, certaines de belle manière ; mais pour autant, l’essentiel n’est absolument pas résolu, au contraire : il ne fait guère que commencer.

Soit. Je jouerai à ton jeu, M. Cerutti, avec sans doute pas mal de plaisir. La partie est trop bien lancée pour que je quitte la table maintenant, ton bluff me semble prometteur, éblouissant d’un panache et d’une nonchalance arrogante que je ne peux que respecter et apprécier. Nous nous retrouverons donc pour mener tout ça jusqu’au terme. En tout cas je l’espère, de tout cœur.
Rendez-vous est pris.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

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