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Ni d’Eve ni des dents – Episode 17

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Jour 80 – 21 juin
15h30

Je crois que c’est la première vraie pause que nous nous accordons avec un peu de sérénité ces derniers jours. Beaucoup de choses à raconter du coup, je vais tâcher de ne rien oublier, même si je doute de mes capacités en la matière, étant donnée ma fatigue. Nous sommes toujours tous les trois, en relative bonne santé malgré nos péripéties récentes. Nous sommes réfugiés dans une petite maison vide en banlieue sud de la ville, nous avons du faire un gros détour de notre itinéraire prévu. Il semble bien que tout le patelin a été évacué très tôt, comme nous nous y attendions. Pas mal de stocks à disposition donc, plutôt contente de voir que nous sommes toujours capables d’avoir le nez creux sur certains sujets.
Commençons par la raison de notre présence ici, et non pas sur le chemin de l’ouest, comme nous avions prévu au départ. Les militaires, forcément. Ils se sont rappelé à notre attention à l’issue de la première journée de marche, ralentie par nos incessants arrêts pour éviter les infectés, ou les neutraliser, le cas échéant, ou encore pour réussir à faire bouger Eric lorsqu’il avait certains de ces moments d’apathies les plus prononcés. Nous ne les avions pas oubliés, évidemment, mais nous étions beaucoup plus concentrés sur notre avancée que leur retour. Toujours est il que nous avons vu les hélicoptères revenir en toute fin de journée, ce qui nous a également fait nous arrêter, au détour d’une rue, pour essayer de discerner quelle allait être leur réaction et leur décision, et donc également décider ce que nous allions faire en conséquence.
La réponse n’a pas tardé, puisque nous avons, quelques minutes après leur atterrissage, pu entendre l’écho d’une voix déformée par un mégaphone retentir à travers les rues désertes et par dessus les toits. Je vous épargne le langage très fleuri et, je dois l’admettre, créatif dans ses images, je me contenterais de vous en livrer la substantifique moelle : nous allions payer pour cet affront, et de toutes les façons qu’il leur siéraient. Si nous avions un doute, il était effacé. Des hommes, de la pire espèce, celle qui refuse d’évoluer. Si leur colère et leur rage impuissante nous a d’abord beaucoup fait rire, Daphné et moi, nous nous sommes tout de suite concentrées et nous avons réfléchi à la marche qui serait la meilleure à suivre, à la fois pour survivre, mais aussi leur damer le pion de la manière la moins risquée et la plus efficace.
Le sud s’est imposé comme la pire, et donc la meilleure option. L’idée, en gros, a été de nous dire que nous n’avions rien à y chercher ni à trouver, et qu’ils ne songeraient donc probablement pas à venir nous y chercher. D’autant que nous étions déjà convaincues de pouvoir trouver tout ce dont nous avions besoin sur notre chemin, y compris des instants de calme et des zones-sanctuaire. Nous avons donc rebroussé en partie chemin et nous sommes dirigées vers le sud, en surveillant au mieux nos arrières et le parcours des militaires. Mais ils ne semblaient pas décidés à venir nous chercher tout de suite, peut être trop occupés par la remise en état de leur matériel ou l’attente de consignes de leur hiérarchie.
Ils n’ont vraiment lancé leur poursuite – ou leur chasse, je ne saurais dire – que le lendemain matin, alors que nous étions déjà en périphérie de la ville. Pas simple mesure de précaution, nous avons dispersé des emballages vides, des restes de nos repas, des indices divers de notre passage pour faire croire à notre plan original de départ vers l’ouest. Il semble que cela ait fonctionné, sans pouvoir en jurer, ne pouvant vraiment estimer leur présence qu’aux détonations sporadiques de leurs armes à feu ou en entendant quelques échos légers cris de provocation à notre égard.
Nous ne savons pas encore combien de temps nous allons rester par ici, ou même si nous allons effectivement aller vers le sud ; même si le plus probable reste que nous repartirons sur notre idée première, à terme. À entendre leur agressivité et leur rage, nous prendrons quand même moins de risque en nous éloignant d’eux et de leur clique au maximum, et le sud doit lui aussi, en toute logique, être concerné par le cordon sanitaire, ne serait-ce que pour vraiment clore la péninsule et nasser l’infection.
Nous sommes plutôt sereines après ces quelques jours de marche. Les infectés sont moins nombreux, plus dispersés, bien que plus agressifs, mais nous les connaissons suffisamment bien maintenant pour savoir les éviter ou les neutraliser sans trop de risques le cas échéant. Nous ne comprenons juste pas ce qui semble en pousser la plupart vers la grande ville, et en retenir l’autre partie dans ces zones plus excentrées. Il doit bien y avoir une certaine logique dans tout ça. Qu’est ce que je ne donnerais pas pour mieux comprendre cette infection, ou ses effets.
Du côté d’Eric, je ne sais pas exactement si c’est la marche, l’air extérieur ou simplement le timing, mais en quatre jours, ses progrès ont été très encourageants. Son regard devient vif et curieux, il est capable de gestes et d’intérêt, allant même parfois jusqu’à m’aider à le nourrir, même si il n’a toujours pas la coordination ou la préhension suffisantes pour se saisir d’une simple cuillère. Il est toujours incapable de mâcher ou de parler, mais il est sans conteste sur le chemin de la guérison. Je lui ai enlevé son harnais d’ailleurs, il nous suit sans la moindre difficulté en dehors des chemins escarpés, tant qu’il nous voit.
Daphné parvient même à s’approcher de lui sans crainte maintenant. Il est une de nos seules vraies raisons de sourire, parce qu’il nous donne de l’espoir.
Je ne sais pas trop si je vais avoir de bonnes raisons d’écrire dans les jours qui viennent, à moins de rendre compte des progrès d’Eric ou de nos éventuels changements de plans. Je pressens bien que les militaires ne vont pas nous chercher là où ne sommes pas éternellement, et qu’en conséquence, nous n’aurons pas beaucoup d’occasions de profiter du calme. J’espère surtout que j’aurais d’autres occasions d’écrire, qui nécessitent la sécurité, ou du moins une impression de sécurité. C’est vraiment devenu quelque chose d’important pour moi. Même pour Daphné, puisque nous avons pris l’habitude de discuter de ce que je pourrais noter dans ce carnet, y compris pendant que j’y écris. J’ai l’impression de m’adresser à quelqu’un, c’est curieux, alors qu’honnêtement, les chances pour que ce carnet soit un jour lu, à l’issue de toute cette histoire, par d’autres yeux que les nôtres, sont probablement de l’ordre de l’infime…

Jour 82 – 23 Juin
19h00

Il semble que les militaires ont compris que leurs recherches à l’ouest ne donneront rien. Ils ont commencé à se décider à utiliser leurs hélicoptères pour nous chercher maintenant. On pourrait croire que c’est un peu présomptueux de ma part d’affirmer ça, et j’en conviens, puisque j’ai eu le même doute en les entendant, puis en les voyant nous survoler. Mais ils nous ont encore gueulé dessus à grands coups de mégaphone, affirmant qu’ils finiraient bien par nous mettre la main dessus et que pour chaque jour qu’on leur ferait perdre, notre addition serait d’autant plus salée. Encore une fois, leurs mots, pas les miens.
Mais si nous avons commencé par avoir peur, finalement, nous nous sommes rassurées. Si ils nous cherchent, c’est bien qu’ils ne savent pas où nous sommes. Et éviter des hélicoptères, dans un monde aussi silencieux, où les pales font un tel bruit, où le ciel est éclairci par l’absence de pollution, c’est assez facile.
Nous repartons vers l’ouest dès demain.

Jour 85 – 26 Juin
11h00

Cela nous a pris pas mal de temps de marche et quelques instants de frayeur, mais nous sommes parvenues à notre premier objectif, une petite ville à l’ouest. Dans le même état d’abandon que celle de la banlieue sud. Une densité encore moindre d’infectés, ce qui facilite notre avancée, même si les hélicoptères continuent à nous survoler de temps en temps et nous forcent à nous cacher des yeux du ciel dans des abris parfois aussi sales que ridicules. Quelques débuts d’incursions sauvages, animales comme végétales, commencent à se faufiler un peu partout, je dois bien admettre que c’est assez réjouissant.
Comme partout où nous sommes passés maintenant, aucun signe de vie autre que les infectés, aussi affaiblis soient ils, même si j’ai le vague sentiment qu’ils arrivent, d’une façon ou d’une autre, à se sustenter. J’ai bien peur d’avoir aperçu, de loin, des cadavres de lapins ou d’oiseaux dans des états difficiles à décrire. Je commence à m’inquiéter de ce que nous pourrons bien découvrir en nous enfonçant dans les territoires d’origine de l’infection.
Sans compter que nous allons bien devoir passer par la zone de bombardements, qui ces derniers jours aussi n’a pas cessé de subir, malgré le nombre de passages déjà effectués. Que peuvent ils bien essayer de détruire avec un tel acharnement ?

Jour 87
Tard

Marrant réecrire dedans. Triste et Joie même temps. Vais mieux. Pas super mais mieux. Arrive pas encore parler. Trop dur. Mais peux écrire. Parler gestes. Sens cerveau fonctionne plus pareil. Suis pas plus bête, juste fonctionne plus pareil. Dur exprimer. Me sens retour quand même. Peux être utile nouveau. Fait plaisir. Sourire Fanny. Sourire Daphné. Sourire moi. Chaleur moi. Cœur bat vite. Très vite.
Comprends pas tout. Me souviens pas tout surtout. Espère reviendra. Forme et souvenirs. Essaierai souvenir. Essaierai vous raconter. Espère avoir avenir. Espère guérison. Peur quand même. Conditions pas top. Militaires. Peur moi aussi. Infecté. Pas guéri tout. Peur basculer encore.
Mais toujours confiance Fanny Daphné faire choses bien. Bons choix. Même pas faciles.


Oh. Avions. Hélicoptères aussi. Beaucoup bruits soudain partout. Inquiètes. Peur. Terreur. Attaque ?

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