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Un Long Voyage, Claire Duvivier

I Am Not MeKONGOS (extrait de l’album 1929, Pt.1)

Je porte les forges de Vulcain dans mon cœur, ce n’est pas nouveau. La confiance que je porte à leur qualité éditoriale me permet de ne pas avoir à trop réfléchir lorsque certaines de leurs sorties semblent faire l’unanimité. Et clairement, Un Long Voyage, même plusieurs semaines avant sa sortie, mettait tout le monde d’accord chez les priviliegié·e·s qui avaient pu poser leurs yeux dessus. Autant dire que je l’attendais de pied ferme, même si je n’ai pas mis la main dessus aussi vite que je l’aurais souhaité. Ce qui m’a amené à croiser d’autres avis, moins dithyrambiques, ramenant mon niveau de hype à des seuils plus raisonnables. Alors, hype méritée ? Chef d’oeuvre d’appellation contrôlée ou phénomène de mode ? Comme toujours, c’est bien plus compliqué que ça, et je m’en vais tenter de vous expliquer pourquoi je me place plutôt dans un entre-deux circonspect.

Liesse se décide enfin à raconter à son amie Gémétous, par le biais d’une longue lettre, la vérité sur sa vie ; et surtout sur une personne dont il est l’un des derniers en vie à pouvoir se vanter de l’avoir connue, Malvine Zélina de Félarasie. Pour cela, il décide de contextualiser leur rencontre et leurs péripéties communes. Il débute donc ce récit par celui de sa propre vie, issu d’une tribu de pêcheurs, perdus non loin d’une archipel appartenant à l’empire, où il fera une partie de sa vie, en compagnie de gens aux profils divers, jusqu’à la rencontre qui l’amènera bien loin de son foyer.

Je trouve excessivement compliqué de décider par où commencer pour relater ma relation avec ce roman si particulier, tant il est à la fois, à mes yeux, remplis de qualités et de défauts nourrissant mes réflexions. L’idéal est sans doute de suivre le fil que j’ai moi-même suivi à sa lecture, et de commencer par ce qui m’a gêné. Le format épistolaire, pour commencer, dont je trouve qu’il est indubitablement un des plus compliqués à maîtriser lorsqu’il s’agit de raconter une histoire ; devant osciller entre la subjectivité du narrateur, ses familiarités et une nécessaire oralité, afin d’apporter un semblant de souffle à l’ensemble, mais sans perdre en lisibilité ni en élégance. De ce point de vue là, il me faut être assez abrupt, je n’ai pas été convaincu du tout. La faute sans doute à un récit trop structuré à mon goût, notamment via le chapitrage, manquant cruellement de naturel, pas aidé non plus par les adresses rigides à la destinatrice du courrier, et aux multiples références à divers événements sous formes de semi-prolepses que j’ai malheureusement trouvées maladroites plus souvent qu’à leur tour. Paradoxalement, en s’inscrivant dans le registre épistolaire, bien que ce dernier fasse sens à l’échelle du récit tout entier, Claire Duvivier se force trop souvent à insister sur cet aspect de son récit pour ne pas qu’on l’oublie au milieu d’une narration par ailleurs très littéraire ; et lui fait perdre en naturel, et donc en souffle.

À cet égard, il faut bien dire que le premier tiers a été particulièrement difficile à traverser. Il est fort possible qu’un certain niveau de fatigue de ma part soit à blâmer, notamment en terme de mémorisation des – nombreux – personnages, pas tous importants, comme d’un certain nombre de données géographiques et géo-politiques un peu trop pragmatiques, à l’intérêt discutable. Beaucoup d’enjeux à surveiller, sans jamais vraiment savoir lesquels auront leur importance pour la suite du récit. Et de fait, bon nombre n’en n’ont pas eu, ce qui a pu me frustrer arrivé à la moitié du roman, lorsqu’une bonne partie de ces enjeux se révèlent mineurs voire insignifiants pour la suite, et n’apportent pas tant de choses que ça au contexte général. Encore une fois, on retrouve dans une situation curieuse vis-à-vis du format épistolaire. Il est logique et naturel que Liesse s’égare parfois, nous en raconte trop ou pas assez, puisque son histoire le concerne au premier chef, et donc sa façon de la raconter, surtout au vu de ses motivations. Mais pour autant, on ne sait pas toujours sur quel pied danser, à quoi prêter l’attention nécessaire afin de comprendre pleinement l’entièreté des enjeux, ce qui n’aide pas à la concentration. Encore une fois, je ne saurais dire s’il me faut blâmer mon état de relative fatigue au moment de la lecture (probablement), mais j’ai parfois dû me reprendre à lire un paragraphe ou une page entière, mon esprit étant parti vagabonder au milieu d’une phrase.

Mais – et c’est un grand mais – ne vous laissez pas leurrer par ces réserves, qui, si elles prennent de la place à exprimer, n’en prennent pas autant à ressentir. En dehors de ces griefs somme toute très personnels, il reste que ce premier roman est rempli de qualités autrement plus convaincantes qui ont d’abord su me donner envie de continuer malgré ses premières difficultés ; mais surtout, m’ont fait profiter pleinement de sa seconde moitié, en particulier de sa conclusion.
Au premier rang desquelles il faut compter ce que j’appellerais des petits moments de grâce. Car si ce récit a pu me paraître scolaire, par moments, dans sa narration, il a régulièrement su saisir des instants criants de vérité qui m’ont réellement touché, qui sont nettement plus compliqués à expliquer. Un Long Voyage, ponctuellement, se départ de ses atours un peu trop techniques pour se délier, gagner en souffle, en humanité, et taper incroyablement juste. Je ne saurais pas mieux l’expliquer. Ce sont ces moments qui ont d’abord su me faire tenir malgré mes doutes, puis avancer avec un réel plaisir.
Ensuite, bien qu’il ait à mon avis un peu tardé à venir, l’aspect fantasy (EDIT : comprendre « magique »/extraordinaire) du récit est très réussi, habile, bien qu’un peu trop en retrait par rapport aux enjeux les plus importants du récit, devenant visible et influençant le récit un peu trop tard à mon goût. Je regretterais peut-être que ces artifices de genre ne bénéficient pas d’un peu de préparation en amont, par des allusions à des possibilités similaires à celle présentée comme pivot du récit, surgissant un peu de nulle part. Elle gagne en effet de surprise ce qu’elle perd en vraisemblance à l’aune du reste du roman. Et si j’étais au courant de l’aspect fantasy d’Un Long Voyage avant de l’ouvrir, je ne pourrais pas nécessairement en jurer de tou·te·s ses futur·e·s lecteurices, tout comme de leur tolérance à une telle irruption dans un récit jusque là relativement classique. J’ai accepté de donner un joker à Claire Duvivier car cela faisait sens à l’aune du récit et lui conférait une très belle profondeur, mais je ne saurais en jurer pour tout le monde.

Tout le souci d’un récit comme celui-ci est qu’il est plus aisé d’en faire une critique qui semblera négative, puisque tout le temps pris à en décortiquer ce que je considère comme des défauts aura plus de poids que les simples ressentis positifs, dont il me sera beaucoup plus difficile de faire le détail. Sans compter que je ne l’ai sans doute pas lu dans les meilleures conditions. Que retenir alors ? Un premier roman, souffrant logiquement de défauts d’un premier roman : un style qui se cherche encore un peu, des soucis de cohérence à quelques niveaux…
Mais un bon premier roman. Et c’est là dessus que je préférerais insister. Parce que malgré tout, jamais je n’ai soupiré, levé les yeux au ciel ou réfléchi à l’idée de laisser tomber. Il y avait trop d’éléments intéressants, curieux ou touchants pour que jamais ne me vienne l’idée d’arrêter. Fondamentalement, rien n’est mauvais dans ce roman, il a, comme souvent plus pêché par une absence relative et ponctuelle de réelles qualités qui l’auraient fait sortir du lot pour pleinement me convaincre. Mais lorsqu’il était sur sa lancée, notamment dans son dernier tiers, confondant d’humanité, j’étais totalement conquis. Donc, plutôt qu’y voir une expérience ratée ou quelque chose de négatif dans ce goût-là ; même si je ne suis pas le plus convaincant du monde – j’en conviens – je préfère largement y voir les promesses enthousiasmantes d’une autrice prenant ses marques, posant là les premières pierres de l’édifice d’une carrière que je lui souhaite remplie de succès, et dont je ne doute pas un seul instant.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

10 comments on “Un Long Voyage, Claire Duvivier

  1. Anouchka dit :

    Alors c’est assez marrant, j’ai développé un avis assez mitigé aussi dans ma chronique, mais pour des raisons quasiment opposées aux tiennes !
    Finalement, ce qui m’a plu ne t’a pas plu, et ce qui ne t’a pas plu m’a plu, à peu de choses près.

    Je vais faire ma reloue de service sinon, mais un récit peut être de la fantasy sans magie, par le simple fait qu’il se situe dans un monde secondaire (je prends pour exemple A la pointe de l’épée d’Ellen Kushner).
    Je pense que tu parles plutôt, quand tu mentionnes « l’aspect fantasy du récit » de l’aspect « surnaturel », « magique » qui pourrait même être [SPOILER] une sorte de technologie très avancée mais oubliée 😮

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    1. Laird Fumble dit :

      C’est souvent une question d’attentes personnelles, mais c’est plutôt à mettre au crédit du roman, ça prouve qu’il a des choses à dire au delà d’en raconter. =)
      Et tu as raison sur l’aspect fanstasy/magie, je confesse avoir utilisé un raccourci dommageable ; sans doute un petit coup de flemme à la rédaction. D’autant que tu as sans doute raison sur le côté technologie passée mais avancée. Arthur C. Clarke le disait mieux que nous. 😉
      Merci pour ton retour ! 🙂

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  2. Noob dit :

    Merci pour la chronique, ce roman m’intéresse, mais a l’air de diviser les foules !

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  3. Sabine C. dit :

    Ah ! La hype retombe et je t’en remercie :D. J’ai le bouquin sur ma liseuse depuis sa sortie et j’ai tellement peur d’être déçue que je ne l’ai pas encore lu ^^’. Donc là, ça va mieux. Il n’y a plus qu’à trouver LE bon moment pour l’attaquer ^^.

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