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Keiko T1 – Dark Run, Mike Brooks

Trigger – Blind Channel (extrait de l’album Blood Brothers)

Plus j’intellectualise mes lectures (parce que j’aime me faire du mal, un peu), et plus je me pose des questions complexes ; pas tant dans leurs formulations que dans les réponses à leur amener. Une des pires, à cet égard, est sans doute de savoir l’importance que j’accorde à l’originalité dans les récits qui croisent mon chemin. Je suis de l’école disant qu’on a déjà plus ou moins tout raconté, et que les objectifs poursuivis par les personnages ne sont pas le plus importants dans une œuvre qui se targue de raconter une histoire, mais plutôt la façon dont lesdits personnages poursuivent ces objectifs ; pour le dire vite. Basiquement, c’est pas la destination qui compte, c’est le trajet, ce genre de choses.
L’idée, pour me séduire, en tant que lecteur, c’est donc la façon de me raconter quelque chose qui comptera souvent plus que le quelque chose en question, travailler le contenant plutôt que le contenu. Certes, ce dernier conserve une certaine importance, niveau cohérence interne et concepts travaillés, évidemment, mais Diaspora m’en soit témoin, ce n’est pas suffisant pour moi si les personnages ou le ton ne sont pas à la hauteur. Une question de dosage à mettre en adéquation avec les intentions de l’auteurice, en somme.
Et dans le cas qui nous concerne aujourd’hui, il sera donc question de cet équilibre difficile, et d’expliquer pourquoi, malgré mes meilleures intentions et les siennes mêlées, je n’ai malheureusement pas réussi à vraiment accrocher autant que je l’aurais voulu à Dark Run. Mais je vous jure qu’on est vraiment pas passé loin.
Embarquons.

Ichabod Drift est le fier et gouailleur Capitaine du vaisseau Keiko, de sa navette Jonas et de l’équipage qui les compose, formant une joyeuse bande de mercenaires s’amusant avec les limites de la Loi de l’espace à des fins pécuniaires, à la seule condition expresse de garder les passés de tout le monde bien secrets. Tout va bien pour l’équipe, jusqu’à ce qu’Ichabod se retrouve capturé par une ancienne figure issue de son obscur passé, pour lui confier une mission qu’il ne peut pas vraiment refuser, et dont il devra charger son équipe sans pouvoir tout leur dire. Un mensonge en entrainera d’autres, et les ennuis qui vont logiquement avec.

Commençons par un point un peu gênant, que je ne sais pas trop comment aborder autrement que frontalement. Il s’avère que sur ce blog, j’écris de la fiction, en plus d’écrire des chroniques. Et le fait est que mon deuxième feuilleton en cours reprend pas mal de tropes mobilisés par Mike Brooks, et que l’ambiance générale est franchement similaire ; ne serait-ce que l’idée d’un équipage de pirates de l’espace. Alors, j’ai fait au mieux pour ne pas me laisser influencer, mais force est de constater que malgré mes efforts, le poids de la comparaison constante se faisait quand même sentir dans mon esprit ; parce que je me retrouvais en permanence à me demander si j’aurais fait les mêmes choix que l’auteur, la réponse étant assez souvent négative. Et étant donné que c’est la première fois de ma vie, je crois, que mon travail d’écriture rentre en collision de telle manière avec mon ressenti de lecteur, il me paraissait aussi honnête qu’intéressant de le signaler, parce qu’il me semble que ça apporte une nuance capitale à mon jugement global.

Ce dernier étant donc mitigé. Le premier problème majeur étant le casting des personnages, que j’ai malheureusement trouvé terriblement cliché, alignant les poncifs tirés d’un cahier des charges manquant cruellement d’ambition. Au delà du casting en lui-même, c’est surtout le traitement de chacun de ces personnages que j’ai trouvé terriblement creux, n’accordant qu’une ou deux caractéristiques à chacun·e d’entre iels et les creusant encore et encore au fil du récit sans jamais leur conférer une épaisseur supplémentaire en dehors de quelques fulgurances dans les dialogues. Là où le Viper de La Sinsé Gravite au 21 partait de loin mais bénéficiait de la malice d’un Roland C. Wagner pour gagner en sympathie, Ichabod Drift souffre d’une certaine faiblesse d’écriture et stagne bien trop sans réelle progression. J’avais un peu trop souvent le sentiment que Mike Brooks comptait sur mon adhésion automatique pour le suivre avec entrain sans trop poser de questions, là où je me trouvais régulièrement à questionner sa façon d’être ou de procéder. Les personnages en eux-mêmes ne manquent pas de potentiel (mention spéciale à Tamara et Jenna, à cet égard), mais souffrent sans doute d’un volume trop dense ou limité pour avoir droit à un traitement suffisamment soigné tout le long du roman.

Parce qu’il se passe beaucoup de choses, dans ce roman, ce qui pour un roman d’aventures, est indubitablement un plus. Clairement, niveau action et rebondissements, j’ai été servi, et avec plaisir ; il me faut être clair là dessus. En soi, j’ai passé un bon moment de lecture, simplement contrarié par ce que j’appellerais des problèmes de cadrage. Si le point de départ du roman était sans doute le bon pour raconter cette histoire, je ne suis pas convaincu par ses choix d’ellipses et de changement de point de vue. Trop de moments coupés, de séquences avortées, ou, au contraire, de mystères dissipés là où j’aurais sans doute aimé ne pas savoir tout de suite, ou pas de cette façon. De fait, je me suis retrouvé avec un sérieux problème de rythme, alternant des chapitres très courts ou d’autres bien plus longs sans jamais vraiment pouvoir anticiper l’importance de ce qui allait m’être raconté, créant pour certaines séquences une lassitude étrange, où j’attendais simplement que ça passe pour revenir à ce qui m’intéressait un peu plus ; ce qui, forcément, contaminait aussi ces passages plus intéressants avec un doute dommageable.

Encore et toujours, c’est la frustration qui nourrit ma relative aigreur, même si cette dernière – j’insiste – n’a pas occulté mon plaisir global. On reste dans le domaine de l’aventure décomplexée qui offre avant tout du pur divertissement, une ambition aussi noble que toutes les autres en littérature. J’aurais effectivement aimé plus d’audaces, que l’auteur se concentre peut-être sur d’autres aspects de son univers, qui ne parait pas dénué d’intérêt, mais qui manque clairement d’approfondissement au sein de ce volume pour être vraiment captivant à mes yeux. Je ne peux pas dire que j’ai été surpris ou époustouflé par les choix de Mike Brooks, malgré quelques petites fulgurances conceptuelles sympathiques sans être révolutionnaires ; mais ce n’était pas ce que je recherchais en ouvrant ce roman, donc à cet égard, tout va bien. Encore une fois, c’est à mes yeux une question de mettre ses ambitions en adéquation avec les moyens qu’on se donne ; dans le domaine de l’aventure spatiale un peu pulp, ce roman n’a à rougir de rien, puisqu’il est exactement ce qu’il prétend être.
Ce roman ne souffre finalement que de mes exigences et de la confrontation singulière avec mon passif d’écrivaillon, c’est assez rare pour être souligné ; je crois sincèrement que dans d’autres circonstances il m’aurait bien plus parlé.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

2 comments on “Keiko T1 – Dark Run, Mike Brooks

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