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Loin de la lumière des cieux, Tade Thompson

Talking To Ourselves – Rise Against (extrait de l’album Nowhere Generation)

Tade Thompson, de ce que j’en sais depuis mes lectures des excellents Meurtres de Molly Southbourne et son intriguante suite, c’est un malin. J’aime bien la malice, chez mes auteurices. Et comme le troisième tome des aventures de Molly Southbourne n’est pas encore pour tout de suite et que je suis en retard sur mes acquisitions du reste de son travail, forcément, voir passer la possibilité d’un SP pour sa parution à venir chez Nouveaux Millénaires m’a mis l’eau à la bouche. Non seulement j’allais pouvoir lire du Tade Thompson, mais en plus j’allais pouvoir goûter à sa prose ailleurs que là où je le connaissais déjà.
Et puisque je suis quelqu’un de très sympa (en tout cas je fais beaucoup d’efforts), je vais vous partager un peu de mon avant-première via la chronique qui va suivre. Si jamais vous avez la flemme de tout lire, on pourrait résumer ma lecture ainsi : c’est fort sympathique, mais c’est quand même un peu bordélique. Et si jamais vous êtes plus motivé·e à en lire un peu plus, allons-y.

Michelle  » Shell » Campion est la commandante en charge du Ragtime, vaisseau à destination de la planète Sang-Dragon pour y acheminer un millier de colons, même si techniquement, c’est l’IA de l’astronef qui commande, puisqu’infaillible. Sauf qu’après les 10 ans réglementaires du voyage, lorsque la commandante en second se réveille de son long sommeil, c’est pour constater que des meurtres ont été commis sur le vaisseau, et que l’IA est défectueuse. Autant dire que la quarantaine décrétée par les autorités de Sang-Dragon et l’intervention de Fin Rasheed, enquêteur local, ne seront pas de trop pour tirer toute cette terrible affaire au clair.

Loin de la lumière des cieux rentre d’office dans la catégorie des romans compliqués à chroniquer pour moi, car m’ayant laissé avec un sentiment extrêmement mitigé ; la faute à un trop grand nombres d’appréciations contradictoires. Il y a là autant de choses à grandement apprécier que d’éléments et de choix à considérer avec une diplomatique circonspection.
Comme je l’ai dit, Tade Thompson est un auteur malin : il sait très bien ce qu’il fait. De fait, il est aussi facile de constater à quel point rien n’est laissé au hasard et préparé avec une certaine minutie ; pour ce qui se présente comme un space-polar autour du motif du meurtre en lieu clos, c’est heureux. L’intrigue est donc plutôt solide, sachant louvoyer entre les poncifs habituels, avec un casting à l’avenant, des personnages un peu archétypaux, mais dont les saillances sont d’autant plus appréciables qu’elles dénotent de l’envie comme des efforts de Tade Thompson de produire une histoire qui lui appartiendrait en propre, bien au delà de ses concepts classiques de départ.

Et c’est peut-être dans cette ambition-là que se situe le cœur du problème pour moi. Qu’on ne se méprenne pas, c’est une saine ambition, celle que d’introduire une originalité personnelle et singulière dans une histoire aux implications connues, c’est même le cœur du métier d’écrivain·e, je crois, maintenant. Le souci, comme souvent, s’inscrit plutôt dans la question du cadrage et du dosage. Je crains ne pas être très fan du cadrage choisi par Tade Thompson, et surtout de ses choix en matière d’injection de thèmes personnels. J’ai bien peur qu’il ait ici essayé un peu trop fort, y a comme surdose.
Peut-être un peu trop de personnages, de changements de point de vue, d’allers et retours dans le temps, de concepts s’ajoutant les uns aux autres avec un ponctuel manque de clarté dans les transitions ou les explications. À force de vouloir trop nuancer son propos, y apporter de la complexité – ce qui part d’une très bonne intention – j’ai le sentiment que Tade Thompson s’est un peu perdu dans son propre labyrinthe, amenant à une certaine confusion thématique et générique. Et à une conclusion pas vraiment à la hauteur des promesses que semblait formuler son introduction, aussi.

Car si j’ai globalement apprécié ma lecture sans jamais vraiment lutter pour avancer, j’ai néanmoins trouvé que la césure opéré aux environs de la moitié du roman n’était pas bienvenue, faisant basculer globalement les enjeux du roman avec son genre et une partie de ses thèmes, malgré l’agréable surprise initiale de m’être fait avoir. Car à partir de ce point certains événements se précipitent de façon dommageable quand d’autres trainent à se résoudre, me donnant tour à tour le sentiment que le roman était trop long ou trop court. Et forcément, ça crée une certaine frustration, parce qu’on a des fois le sentiment qu’une scène n’apporte pas assez ou qu’une autre manque de développement, sans jamais vraiment atteindre l’équilibre ; traitant de trop de sujets à la fois de façon souvent superficielles ou péremptoire. Et c’est dommage, parce que je sais que Tade Thompson est clairement capable de mieux, ou du moins d’opérer des choix narratifs avec peut-être un peu moins de pusillanimité, ou du moins en donnant l’impression qu’il maîtrise pleinement son récit, se dispersant moins et allant droit au but.

Ce qui m’amènerait à dire effectivement à dire que ce roman est sans doute un peu trop long, qu’il aurait grandement profité d’un élagage dans ses thèmes comme dans son intrigue ou son cadrage un peu trop généreux. Sans doute alors cela aurait donné une novella un peu moins ambitieuse, mais sans doute beaucoup plus efficace, plus affutée et solide sur les points les plus originaux mobilisés par son auteur. Demeure quand même un récit agréable et bien ficelé, plein de bonnes idées plutôt bien exécutées dans leur ensemble. Je n’ai pas passé un mauvais moment, mais j’aurais pu en passer un bien meilleur ; je crois que je suis plus marginalement déçu par l’image que je me faisais de son auteur et de son travail que du roman en lui-même. Me reste ses autres ouvrages pour m’en faire une idée plus précise et mieux savoir à quoi m’attendre. Il y a de pires perspectives.
[EDIT : On me signale à juste titre que ce roman a été écrit pendant la pandémie, et entre deux gardes, par un auteur médecin. Cela adoucit encore un peu ma sévérité.]

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

6 comments on “Loin de la lumière des cieux, Tade Thompson

  1. Yuyine dit :

    Ton avis replace ce titre dans ma liste d’envies. J’en avais lu des critiques plus assassines qui m’avaient vraiment refroidies. Bon ok, il est imparfait mais si ça reste plaisant, je me dis pourquoi pas.

    Aimé par 1 personne

    1. Laird Fumble dit :

      Ah ça me fait plaisir.
      Parce que oui, j’ai été un peu déçu, mais entre les ambitions affichées et les circonstances, je me dis que c’est franchement pas si mal.

      J’aime

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