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Dehors, les hommes tombent, Arnauld Pontier

Chasing Echoes Poets of the Fall (extrait de l’album Ghostlight)

Je ne vais pas vous refaire le topo sur les éditions 1115, depuis le temps : excellente maison, grand standing, fan inconditionnel. Ce que je peux vous dire, par contre, c’est que sous les impulsions croisées de l’amour criant du chien critique pour le travail d’Arnauld Pontier et de la présence de ce dernier aux Imaginales, ma curiosité a été très piquée, m’intimant de continuer ma razzia dans le catalogue. Et ce que j’ai tendance à faire, dans ces cas là, c’est de m’écouter, de succomber à mon appétit de nouveauté : parce qu’il faut que je sache, je suis comme ça. Et que je suis un peu atteint de collectionite aiguë, aussi, parfois, mais c’est un détail.
Mais bref. Dans le cas qui nous intéresse : j’ai très bien fait de me laisser aller. Je ne dirais pas que cette novella ait été la plus aisée de toutes à lire, mais j’en retire un essentiel sentiment de profonde satisfaction. Et comme d’habitude, je m’en vais vous décortiquer ça un peu plus précisément.

Commençons par ce qui saute aux yeux : ce récit est érudit. Il y a du vocabulaire, du style, de quoi en mettre plein les mirettes, justement. Personnellement, je dois admettre que j’ai été impressionné, et ça fait un bout de temps que ça ne m’était pas arrivé de telle manière ; à savoir que je n’ai jamais douté des intentions de l’auteur, et encore mieux, je n’ai pas été gavé par l’étalage. Parce que ce n’était pas pédant ni indigeste, mais simplement intelligent, travaillé au cordeau. Et surtout, c’était amplement justifié, à mes yeux. J’ai trouvé que la préciosité de la forme trouvait des échos merveilleux dans le fond du récit, créant une belle synergie entre les deux. Alors certes, du coup, ma progression, malgré la clarté induite par l’exigeant travail d’Arnauld Pontier, n’a pas toujours été aisée, faute d’une préparation adéquate de mon côté. Trop peu paré que j’étais, j’ai dû fournir un certain effort de concentration inattendu qui m’a fait ressortir du récit un peu fourbu.

Mais demeure que ce texte est formidable. Je ne saurais exactement dire ce qui m’a le plus séduit, mais j’ai été conquis. D’un côté, on a un sens esthétique indéniable, comme je le disais, une plume érudite au service d’un discours aussi précis que merveilleusement évocateur, et de l’autre, on a un flux de conscience émotionnellement et philosophiquement chargé, faisant preuve tout à la fois de pudeur et de crudité. Tout le discours duel du personnage principal, nous parlant autant qu’il se parle à lui-même, c’est une cascade perpétuelle, une pirouette sans réel début ni fin, au delà des enjeux de son aventure, ou plutôt de sa péripétie. Tout cette novella aurait pu facilement n’être que le déballage cuistre de réflexions vues et revues dans un contexte de science-fiction cliché. Elle en est, à mes yeux, continuellement le quintessentiel contraire.
Je n’irais pas jusqu’à oser le compliment de pure originalité, impossiblement rare, mais j’oserais un rapprochement avec une autre œuvre que je trouve quelque part similaire, que je considèrerais comme un compliment en soi : l’Helstrid de Christian Léourier. Parce que j’ai retrouvé dans Dehors, les hommes tombent la même qualité d’écriture émotionnelle, qui surpasse tout le reste, la crédibilité organique des sentiments dépeints. Au delà de toutes les réflexions, des idées ou des concepts déployé·e·s par Arnauld Pontier – et croyez-moi il y a beaucoup de ces belles choses – surtout, j’ai aimé croire à ce que je lisais. Malgré la petite voix analytique qui ne me quitte jamais vraiment, j’ai surtout été submergé par la beauté de ce que je lisais, par le vertige d’un ouvrage si sincère qu’il en devient vrai le temps de quelques instants de lecture, invoquant les images contenues entre les lignes dans votre esprit sans s’en donner l’air. Malgré les quelques brefs (et délicieux) moments de tournis conceptuels, de questionnements sublimes sur la nature de l’humanité et de notre rapport au temps, je n’ai jamais perdu pied. J’étais dedans, à fond, du début à la fin.

1115 a encore frappé – je n’ai pas parlé du travail de maquette intérieure, mais on se sait, n’est ce pas – et le chien critique me semble entièrement justifié dans son enthousiasme. Doublement formidable. Formidouble.
Je crois que le contenu de cette chronique parle assez pour que cette conclusion ne s’éternise pas. Cette novella est belle, avant toute chose. Elle raconte de belles choses de belle manière. Je crois bien qu’on ne peut pas demander grand chose de plus à un bon bouquin. C’est tout ce que je demanderai donc à mes prochaines lectures d’Arnauld Pontier. Curieusement, je suis confiant. Parce que même si je n’aurais rien enlevé ou retiré à celui-ci, j’en aurais volontiers repris en quantité.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

4 comments on “Dehors, les hommes tombent, Arnauld Pontier

  1. Je l’ai lu et adoré également ! C’est un texte que j’ai trouvé très poétique, et d’une douce lenteur bien propice à la réflexion. Comme tu le dis, encore une pépite de chez 1115 !

    Aimé par 1 personne

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