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Éversion, Alastair Reynolds

Written In Reverse – Spoon (extrait Transference)

Je ne crois que très modérément aux signes. En tout cas je ne crois pas scientifiquement à l’idée des signes. Par contre, je crois plus aisément à l’idée des joyeux hasards significatifs. Comprenez par là que je fais confiance à mon cerveau pour me dire les choses avec plus ou moins de subtilité, selon les circonstances, au travers de l’expression de mon instinct. Dans le cas qui nous intéresse aujourd’hui, après mon difficile abandon de Kra, un peu perdu dans les possibilités offertes par ma montagne de bouquins encore à lire, la réception surprise du SP d’Éversion m’est apparue comme une bouée de sauvetage. Le contentement enthousiaste que j’ai ressenti en sortant mon exemplaire de l’enveloppe était un message : j’avais autant envie que besoin de lire ce roman. À croire que Le Bélial’ a bel et bien passé un pacte avec des forces qui nous dépassent. Sont trop fort, dans cette maison ; je ne peux pas voir d’autre explication.
Tout ça pour dire que mon instinct ne s’est pas fourvoyé : Éversion est un super roman.

Le docteur Silas Coade est chirurgien à bord du Démeter, modeste vaisseau voguant au large des côtes norvégiennes, affrété par un certain Topolsky, riche, prétentieux et somme toute mystérieux. Le but poursuivi par la mission n’est pas absolument clair, mais il semble prometteur pour tous les membres de l’expédition, qu’il fut la gloire, la richesse ou la découverte scientifique majeure. Sauf qu’à l’approche de l’objectif, rien ne se passe comme prévu. Les découvertes et les déconvenues s’enchaînent, sous le regard de plus en plus confus du bon docteur qui n’aspirait pas à tant de péripéties. Et ce n’est que le début.

J’ai volontairement circonscrit mon résumé à l’orée du début du roman, histoire de conserver le maximum de surprises à cielles qui comme moi aimeraient le découvrir avec un maximum de ces dernières. Parce qu’avant de passer à tous les autres aspects de l’indéniable réussite qu’est Éversion, il faut bien évacuer l’évidence en premier, parce que je ne me refais pas : pour l’aimer, il faut aimer danser le twist. Et ça commence assez vite dans le récit ; pile quand on se croit bien installé, pépouze, hop, Alastair Reynolds tire le tapis de sous nos pieds avec une brutalité rare. Et c’est trop bien. Je ne saurais pas le dire autrement ; cette frontalité dans la façon de raconter le récit, en plus de merveilleusement faire sens par la suite, elle m’a embarqué direct. Et n’a pas cessé de m’accrocher, encore et encore, jusqu’au bout.
Souvent, je m’interroge sur ce que j’aime vraiment dans mes lectures, parce que d’un texte à l’autre, je n’arrive jamais vraiment à identifier de dénominateur commun, que ce soit dans la forme ou dans le fonds. Bon, clairement, je ne sais toujours pas, là maintenant, parce que c’est compliqué, ces trucs là. Mais j’ai fait un petit pas dans la bonne direction avec Éversion : parce que bordel, il fallait que je sache, que je comprenne. La façon de cadrer son récit et ses enjeux choisie par Alastair Reynolds, avec un point de vue absolument internalisé de bout en bout, là où la majorité aurait sans doute choisi n’importe quoi d’autre, c’est juste trop malin. Au delà des personnages et de leurs dynamiques sympathiques, du concept central toujours accrocheur sans être exceptionnel d’originalité, c’est surtout ma curiosité qui a pris le contrôle : il y avait là une mise en place d’enjeux inconnus qui me hurlait son besoin d’être élucidée.

Comme toujours, on en revient finalement à l’alignement entre l’ambition et les moyens mis à sa disposition – diable que j’aime à me répéter, dites moi si c’est épuisant pour vous aussi – et surtout au fait que dans ce texte, c’est assez parfaitement réussi, magnifiant la prise de risque. Parce qu’il aurait été si simple pour Alastair Reynolds de complètement se vautrer en prenant ce parti, avec une ellipse mal placée, ou au contraire trop de détails ; une infinité de moyens de ruiner l’illusion, de faire s’effondrer la structure de son récit. On est dans le cas merveilleux, je trouve, où l’histoire réduite à sa plus simple expression n’aurait rien de révolutionnaire, mais trouve une expression formelle si singulière, si audacieuse, et surtout si insolemment réussie, qu’elle se retrouve magnifiée et exprime bien plus que la simple somme de ses parties. Tous les choix d’Alastair Reynolds dans ce roman font sens à l’aune de ce que son histoire devait exprimer à ses yeux ; du point de vue en passant par la construction et l’invraisemblable succession de twists, rien n’est gratuit, et tout œuvre dans le même sens.

Une totale réussite, donc, ma chronique souffrant finalement plus qu’autre chose de son format délicieusement resserré et du rythme effréné de ses révélations ; en dire plus, ce serait en dire trop. L’évidence s’impose à son avantage et pas au mien, c’est de bonne guerre. Ce roman est foutrement malin et exécute sa mission avec une efficacité rare, ce dont je ne peux que me réjouir : voilà qui est fait.
Et puisque je n’ai pas trouvé d’occasion de le faire de façon fluide dans la chronique, autant le faire au moment de la conclusion : encore un infini merci à Pierre-Paul Durastanti, dont le talent en terme de traduction brille ici, encore une fois. Et merci au Bélial’, aussi, hein, tant qu’à faire ; Alastair Reynolds rejoint la longue liste d’auteurices dont je suis désormais très curieux par votre faute uniquement. Comme si vous saviez ce que vous faisiez en m’envoyant ce SP, hein. Bande de petits malins. Allez. Ça aussi c’est de bonne guerre.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

10 comments on “Éversion, Alastair Reynolds

  1. tampopo24 dit :

    Un titre dont le résumé l’avait déjà fait atterrir sur ma wishlist. Ta chronique et ton enthousiasme le font encore monter dans ma liste. J’aime quand les titres nous emportent comme ça et si on me dit qu’il vaut mieux ne pas trop en dire pour conserver la surprise, c’est encore mieux !

    Aimé par 1 personne

    1. Laird Fumble dit :

      Alors j’espère très fort que la déception ne sera pas de la partie ! Bonne lecture quand t’auras le temps. 😀

      Aimé par 1 personne

  2. Parlons fiction dit :

    Je n’avais pas entendu parler de ce roman, mais le résumé couplé à ta chronique a suffit à me donner envie de le découvrir. Hop, +1 dans ma wishlist. J’aime beaucoup quand on tire le tapis sous mes pieds en plein milieu de ma lecture

    Aimé par 1 personne

    1. Laird Fumble dit :

      Eh bah j’espère que ça te plaira, ravi de t’avoir donné envie ! =)

      J’aime

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