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Saga Cochrane T4 – Lord Cochrane et les Montagnes hallucinées, Gilberto Villaroel

BewhY – Gottasadae (extrait de l’album The Movie Star)

On aime bien les sagas, en Imaginaire. Et j’aime l’Imaginaire. En toute logique, je devrais moi aussi aimer les sagas. Dans une certaine mesure, c’est évidemment vrai. On ne lance pas un Tour du Disque sans un certain amour de la continuité, en tout cas pas sans une certaine hypocrisie, pas plus qu’on ne s’intéresse aux Dieux Sauvages ; par exemple. Bien sûr que j’aime les récits sur le temps long. Mais comme j’avais pu le développer un peu lors de ma chronique sur le troisième tome de la saga Cochrane consacré au Trésor de Selkirk, je peux parfois un peu manquer d’endurance ; comme il faut parfois savoir me convaincre d’en faire preuve. La tâche incombant à ce quatrième volume des aventures du « marin audacieux » était assez compliquée à assumer : me divertir comme Gilberto Villaroel a su le faire par le passé, tout en rattrapant ce que je ne peux que considérer comme les errements du tome 3.
Cette chronique va avoir comme objectif de montrer comment, je pense, ces missions ont été remplies, tout en me convaincant, aussi paradoxalement que tristement, que l’aventure Cochrane est sans doute terminée pour moi. Une telle dichotomie mérite une explication circonstanciée.
Embarquons.

Une fois n’est pas coutume, commençons par le commencement : Lord Cochrane et les Montagnes hallucinées reprend évidemment là où s’arrêtait Lord Cochrane et le trésor de Selkirk, avec un résumé exhaustif des événements passés. Et on trouve déjà là une première dichotomie représentative, finalement, des problèmes que j’ai rencontré avec ce volume comme avec la saga Cochrane en général. Parce que fondamentalement : j’adore les résumés des épisodes précédents, au fil d’une saga. C’est pratique, c’est pas grand chose, et si jamais ça nous intéresse pas, il suffit de passer outre pour juste reprendre là où on sent que ce sera le mieux pour nous. Sauf qu’ici, le résumé est long. Très long : quitte à perdre sa crédibilité de « résumé ». Et puis on ne sait pas vraiment jusqu’où il est censé nous mener ; c’est un peu le bordel. Surtout au sein d’une saga dont tous les tomes sont censés être autonomes (c’est la quatrième de couverture qui le dit), un résumé de l’épisode précédent auquel il fait ouvertement suite, ça ne crée pas grand chose de plus que de la confusion et, personnellement, un peu d’agacement. Autonomes, oui ou non ? Les rappels incessants à des événements d’autres tomes ou ceux encore à écrire, comme le jeu de références à l’univers Lovecraftien me laissent songeur.
Et ça, c’est sans compter sur la chronologie cassée de la saga, sur laquelle je ne peux plus vraiment faire l’impasse, étant passée de simplement étrange à carrément incompréhensible. Alors, certes, mes souvenirs de Lord Cochrane vs l’Ordre des Catacombes (T2) sont peut-être un peu flous, mais je n’ai pas le sentiment que les événements narrés dans ce T4, se passant avant, y aient seulement le quart des répercussions logiques ou nécessaires. Il se passe tellement de choses, on découvre tellement d’éléments d’ampleur, je n’arrive pas à comprendre comment tout cela n’a pas eu, rétroactivement, plus de conséquences. C’est d’autant plus frustrant à ressentir à la lecture que c’est impossible à expliquer sans spoiler en quantité ou se faire des nœuds au cerveau.
Pour le faire simplement, ça crée à mon goût des incohérences et des trous de taille dans le tissu global de l’histoire, obligeant Gilberto Villaroel à faire des précisions maladroites et des raccords narratifs à la va-vite, dans son introduction comme sa conclusion, histoire de raccommoder l’ensemble de sa saga dans une disposition à peu près convaincante. Non seulement c’est bordélique, mais en plus, ça manque cruellement d’élégance. Et je ne peux pas m’empêcher de trouver ça dommage, d’autant plus en considérant que cela aurait pu être évité en racontant simplement les choses dans l’ordre, plutôt qu’en glissant des allusions et des promesses au fil de ses histoires en faisant des allers et retours dans le temps et l’espace : ça crée une couche de confusion inutile et dommageable.

D’autant plus dommageable que franchement, le cœur de l’histoire, en lui-même, il est passionnant ! Lord Cochrane, en dépit de son côté un peu trop messianique et parfait, se sortant de toutes les situations aux grâces de sa bonne étoile, il est toujours aussi classe et sympathique, et surtout toujours aussi bien entouré. C’est là un des rares avantages de ce troisième tome précédent faisant guise de bien trop longue introduction, le casting de ces Montagnes hallucinées est soigné, aussi attachant du bon côté qu’abominable du mauvais : on suit avec autant de plaisir Maria Graham qu’on grimace devant les exactions de l’infâme Corrochano. L’action, dans les deux – gros – quarts centraux du romans est bien resserrée, le rythme est joyeusement effréné, et on enchaîne les révélations comme les séquences de tension : ça marche super bien. Alors certes, on pourra tiquer devant le côté un peu too much de certaines de ces révélations ou la fausse tension de certaines de ces séquences, mais au fonds, même pour moi qui suis un peu difficile, la sincérité et l’enthousiasme de Gilberto Villaroel font le travail, et ça file droit avec une réelle efficacité. J’avoue même m’être joyeusement fait surprendre à plus d’une reprise, découvrant des choses auxquelles je ne m’attendais pas, conférant à l’œuvre une profondeur aussi dépaysante que bienvenue.

Paradoxalement, c’est pour ça que je déclare forfait dès maintenant, en fait, aussi regrettable que ce soit à mes yeux. Je suis passé par beaucoup d’émotions contradictoires en lisant ce roman. D’abord, la frustration en lisant un résumé bien trop long me rappelant la même frustration du sentiment d’un tome pour rien avec le T3. Puis l’espoir d’un retour en forme avec le cœur du roman, en dépit des quelques défauts narratifs récurrents de Gilberto Villaroel avec lesquels il est aisé de composer; comme l’utilisation bien trop régulière de l’expression « marin audacieux », toujours elle. Et enfin, la redescente pénible avec une fin abrupte dégonflant mes voiles d’un coup ; surtout qu’elle est suivie d’une conclusion tirant en longueurs et en références capillotractées pour vaguement combler les trous crées par une chronologie complètement bordélique qui semble construite au fur et à mesure des aventures que raconte l’auteur.
Et c’est là mon principal souci avec cette saga. Si elle a bien su initialement me séduire, maintenant qu’elle s’allonge, elle fait montre à mes yeux d’une terrible inconstance ; certainement pas fatale, puisque j’ai dans l’ensemble vraiment apprécié cette lecture. Mais je vois se former les premières fissures dans l’édifice : la continuité et la cohérence d’ensemble sont déjà menacées par les choix parfois hasardeux de l’auteur. Il commence à payer, je crois, son manque de vision à long terme pour cette saga : ou alors, s’il en a une, il paie simplement un manque de rigueur m’apparaissant trop cruellement évident. Sa passion, son enthousiasme contagieux et le charisme de son casting ne pourront pas éternellement compenser ses autres faiblesses.

Tout ceci étant dit : je ne suis pas déçu. Pas plus que je ne suis amer, non. Au contraire, je suis plutôt content. Sur ces 4 tomes, j’ai passé 3 tomes et demi de bon, voire très bon temps. Je n’ai pas le sentiment de renoncer à cause d’une mauvais lecture, je préfère simplement ne pas me risquer à une réelle déception lorsque ce que j’aurais pressenti se réalisera ; qui plus est probablement à cause d’une potentielle auto-persuasion. Je n’écarte pas non plus la très réelle possibilité d’une simple lassitude du modèle et du style Villaroel de ma part ; auquel cas la faute ne lui serait absolument pas incomblable : il n’y aurait même pas de faute, à vrai dire. Simplement, au bout de 4 tomes, et une plongée plus profonde dans un imaginaire Lovecraftien qui je le rappelle n’a pas forcément ma curiosité ou mon engouement, j’en ai peut-être assez lu pour avoir mon compte : je préfère m’arrêter au meilleur moment possible plutôt que m’infliger un abandon amer un tome plus tard.
Voilà. Lord Cochrane et les Montagnes hallucinées est encore un bon tome des aventures de Lord Cochrane. Il est surtout encore un tome des aventures de Lord Cochrane, et ce sera, sauf retours particulièrement enthousiastes, sans doute le dernier que je lirais.
God Speed, Lord Cochrane, et God Speed, Gilberto Villaroel, merci pour la balade jusque là.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

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