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Marcheurs de Rêve T1 – Les Griffes du Sommeil, Rozenn Illiano


Half My Heart – grandson (extrait de l’album I Love You, I’m Trying)

J’ai pas fait le calcul exact, mais je suis assez sûr de moi : en dehors de Terry Pratchett, Rozenn Illiano est l’auteurice la plus chroniqué·e sur ce blog, et de loin. Pas de mystère là dedans ; peu de talents littéraires m’auront convaincu dans ma vie aussi vite et aussi fort. Peu d’univers m’auront happé aussi inexorablement, et peu de contacts humains en découlant auront été aussi importants à mes yeux en tant que blogueur/influenceur littéraire. Il y a effectivement peu d’auteurices dont je veux pouvoir être un relais puissant autant que pour Rozenn Illiano, et dont, en dépit de mon allergie aux newsletters et autres vecteurs d’infos intermédiaires d’ouvrage en ouvrage – les textes et rien que les textes, je suis têtu – je tâche tout de même de suivre l’actualité avec attention.
Ma chance, à cet égard, c’est que depuis le temps, j’ai établi un lien assez fort avec l’autrice, me permettant à chaque nouvelle sortie d’être prévenu et consulté en amont, histoire de pouvoir préparer mes chroniques et retours avec tout le temps et l’espace nécessaire. Un privilège dont je ne me lasse pas, d’autant plus quand il me permet même d’avoir accès à certains honneurs normalement réservés à ses abonné·e·s. D’ailleurs, j’ai eu la chance de pouvoir lire Bris de Rêve, la novella fournie récemment avec ledit abonnement à la newsletter de Rozenn, et c’était un délice, donc si vous aimez son travail et que vous en manquez, n’hésitez pas à aller la suivre, ça coute rien et ça fait plaisir à tout le monde.
Mais bref, bref ; me voilà donc avec le prochain roman de ma très chère démiurge littéraire entre les mains, qui sort tout bientôt. Encore une fois, le début d’une nouvelle trilogie, pour prêcher la bonne parole, comme à chaque fois. Aucun suspense, c’était excellent, mais
Il est arrivé quelque chose avec ces Griffes du sommeil que j’ai toujours estimé inévitable, et qui a juste mis le temps pour arriver. Rien de grave, même pas un reproche, mais une fatalité littéraire logique. Et quelque part, je vais pas m’en plaindre, puisque ça va me donner à dire quelques choses autres que mes sempiternels compliments.
Allons-y.

Dans le monde restreint et discret de l’oniromancie, la magie du rêve, la famille St John est une institution majeure, dont l’autorité et l’influence sont reconnues par tous ses membres. C’est pourquoi tous les regards se tournent vers elle lorsque d’étranges et dangereux phénomènes se manifestent au sein des rêves, mobilisant tous ses membres, y compris les plus novices ou inexpérimentés, afin de mener l’enquête sur leurs origines. Quitte à bouleverser encore un peu plus un microcosme déjà fragilisé par des troubles humains et familiaux.

Alors, c’est quoi le souci qui n’est pas vraiment un souci ? Eh bien c’est simple : à force d’étendre son univers onirique – que j’appelle malicieusement l’Oniverse – avec chacun de ses romans, et bien que parvenant jusque là à toujours faire de ses ouvrages des histoires indépendantes en dépit de leurs connexions thématiques et narratives, Rozenn Illiano a fini par rendre l’ensemble trop dense et fourmillant pour que ce soit réellement possible. Ou du moins, pour que ce soit possible sans faire de concessions importantes au rythme et à la clarté.
Alors ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, hein ; Rozenn Illiano reste une écrivaine d’exception, et Les Griffes du Sommeil n’est ni lent, long, ennuyeux ou incompréhensible, certainement pas. Au contraire, c’est fluide, limpide et toujours aussi passionnant qu’à l’accoutumée, aucun souci. Seulement, pour y parvenir, il a fallu en mettre des caisses en terme informationnel. Parce que la charge conceptuelle, à ce stade de développement d’un projet littéraire de l’envergure de celui de Rozenn Illiano, elle est tout simplement monstrueuse ; sans compter sur la densité du casting et des relations interpersonnelles.
C’est bien simple, la trilogie des Marcheurs de Rêves s’annonce à mes yeux comme la plus grosse convergence narrative que j’ai jamais lu jusque là, rassemblant les faisceaux narratifs de La Maison des Épines, Érèbe, du diptyque constitué par Midnight City et Night Travelers, tout en empruntant basiquement à tous les ouvrages passés de l’autrice à un moment où à un autre touchant à la magie du rêve. Et alors, au delà du fait que ce soit beaucoup trop putain de cool, eh bah ça fait beaucoup, quand même, il faut bien le dire. Et ça suggère pas mal de précisions, de rappels, de précisions et d’autres rappels, sans compter les rappels et les précisions.

Bon, comme l’autrice est super douée et attentive à la qualité de ce qu’elle écrit, ça passe sans problème ; je pense que quelqu’un·e qui tomberait là-dedans sans bagage préalable pourrait éventuellement galérer un peu initialement, mais finir par retomber sur ses pattes. L’essentiel est là, et ce n’est finalement que ma propre connaissance désormais très poussée de l’Oniverse qui me fait me dire que ça pourrait être un peu complexe ou long à des yeux moins initiés que les miens ; je peux avoir tort comme raison. Tout ce que j’en dis, finalement, moi, c’est juste que je ne conseillerais pas forcément de commencer par là si la densité informationnelle et les concepts Imaginaires hybrides peuvent faire peur ou intimider.
Et pour autant, il y a une ambivalence dans ce constat. Je veux dire, je me connais, à force : Rozenn Illiano et moi, littérairement, c’est pour la vie. Je n’arrive plus à concevoir qu’une autrice m’ayant systématiquement convaincu en une dizaine d’ouvrages puisse un jour me décevoir au point de me faire renoncer à sa lecture, ou pire arrêter d’en dire du bien et de tenter de fourrer ses bouquins entre les mains de toutes les personnes me demandant mon avis à son propos. Ce n’est pas possible. Et si j’en suis là, c’est bien parce que j’ai commencé quelque part, et que j’ai été intrigué. Il y avait des aspects qui m’ont échappé, à moi aussi, initialement. Et c’est l’envie d’en savoir plus qui m’a poussé, encore et toujours, à lire le travail de l’autrice de ces romans. Et à chaque réponse donnée, j’avais le droit à autant de nouvelles questions. Et je ne me lasse toujours pas de cette recherche incessante, parce que la satisfaction n’a jamais cessé.

Et de fait, si j’essaie de me mettre à la place de quelqu’un·e découvrant Les Griffes du Sommeil maintenant, sans connaissance préalable, je peux tout autant imaginer un soupir désabusé face à l’évidente montagne conceptuelle et narrative qui se dessine au loin qu’un émerveillement équivalent au mien, fut un temps. Je pense que les deux sont tout autant possibles. Mais je crois plus à la seconde hypothèse quand même, parce que ce roman, comme tous les autres de l’autrice, transpire une passion et un travail indiscutables ; tous les sujets pouvant sembler superficiellement traités ne sont qu’autant d’invitations à aller plus loin, à découvrir autrement ce qui nous est succinctement raconté par les personnages. La dimension méta comme la mise en abyme de tout ça est absolument captivante, qu’on comprenne pleinement ou non ce qui est raconté, ne serait-ce que parce qu’on ne peut que sentir – à moins d’une terrible mauvaise foi – l’incroyable solidité de l’ensemble.
Pour tout dire, en dépit d’un récit qui, effectivement, met tout de même pas mal de temps à se mettre complètement en place et va à son rythme dans les révélations et explications des enjeux, j’ai été happé quand même, comme à chaque fois. Parce que bon sang de bois, j’aime trop cet Oniverse, et j’aime trop ces personnages et leurs relations pour ne pas avoir envie de tout savoir à leur propos. Même conscient d’une partie des enjeux à venir par ricochets avec d’autres œuvres signées Rozenn Illiano, je veux avoir tous les détails, comme le plaisir d’anticiper ou redécouvrir les liens qui les unissent. Lire ces romans, pour moi, c’est comme ouvrir une boîte de chocolats personnalisée : j’ai beau ne jamais vraiment savoir sur quoi je vais tomber, je sais que je n’ai aucun risque d’être déçu. C’est formidable.

Si je devais résumer mon sentiment, je dirais donc que ce premier tome des Marcheurs de Rêves est un gros morceau. Un peu trop dense pour son propre bien, éventuellement, puisque représentant de fait la convergence logique et ambitieuse d’un projet littéraire foisonnant et fort ambitieux lui-même ; mais une indéniable réussite à mes yeux en tant que mise en place intrigante d’une trilogie fort prometteuse, tant du point de vue interpersonnel que narratif. Je ne la conseillerais peut-être pas comme prime porte d’entrée dans l’univers littéraire de son autrice, mais je n’en dissuaderais réellement personne non plus ; je dirais simplement qu’une connaissance préalable de certains de ses autres romans est un plus indéniable pour faciliter l’expérience et en intensifier la saveur. D’autant que le diptyque Midnight City/Night Travelers compte à mes yeux dans ce que Rozenn Illiano a absolument fait de mieux, ce qui n’est pas peu dire, donc rien ne serait perdu.
Ultimement, dans le doute, revenez-en toujours à ce que je disais hier, ce que je dis aujourd’hui, et ce que je dirai demain :
Rozenn Illiano, c’est du très bon, mangez-en.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

2 comments on “Marcheurs de Rêve T1 – Les Griffes du Sommeil, Rozenn Illiano

  1. Snow dit :

    Je ne peux que te plussoyer sur ce que tu dis des livres de l’autrice ! C’est du bon, très bon ! Et elle sait nous rendre accroc !

    Aimé par 1 personne

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